Expérimentale, c’est le mot qui vient le plus souvent à la bouche lorsqu’on veut parler de Boards of Canada. Des Ecossais, Michael Sandison et Marcus Eoin, qui aiment le progrès, musical ici, allant jusqu’à enregistrer des sons provenant de l’espace. Il rappelle la chaleur, les craquements, et les sons artificiels de la télévision des années 1970. Des scientifiques inavoués qui testeraient les effets que peut produire la musique sur notre cerveau ? On pourrait se le demander à l’écoute de leurs albums, plus étrange les uns que les autres mais surtout par leur silence dans les medias. Leurs morceaux s’inspirent également de l’approche scientifique et des mathématiques, par exemple du rayonnement de Planck, ou de la structure du nombre d’or, comme certains morceaux de Geogaddi. La durée de cet album est d’ailleurs de 66’06 » (soixante six minutes et six secondes, référence troublante au nombre « 666 »), et il y a au moins une référence appuyée aux davidiens, à David Koresh et à sa secte de Waco dans le morceau 1969 tout comme dans l’album In a Beautiful Place Out in the Country. En résonance, il faut souligner la date de sortie du mini album Trans Canada Highway, le 6 juin 2006 (06/06/06 !) dont les initiales sont les mêmes que le précédent album The Campfire Headphase.
Anormaux et pourtant on s’y attache, on est intrigué par cette musique, elle devient un sujet de réflexion et on cherche à comprendre le sens caché des notes, qu’est ce qui se cache derrière ce duo ? Ces inventeurs ont plusieurs succès à leur actif, Geogaddi en 2002, véritable bizarrerie mélodique, étrangement émouvante. Leur plus gros succès est sans doute The campfire headphase sorti 3 ans plus tard, avec le morceau Dayvan Cowboy, qui leur apportera une notoriété inespérée et ouvra leur musique à un plus large public. On les imagine facilement dans leur cabane au beau milieu de l’écosse, à coté d’un Loch, à scruter les étoiles. Rêvant peut-être de l’avenir de la musique,se disant que plus tard on enregistrera des sons, lors de nos conquêtes spatial, jusqu’alors inconnus ils nous exprimerons de nouvelles sensations. Jim Morisson, le chanteur des Doors, un autre visionnaire, disait en son temps : « je crois que l’avenir de la musique sera électronique, on ne jouera plus d’instruments mais de sons enregistrés sur des ordinateurs », que dirait-il maintenant ?
Tomorrow’s harvest débute avec Gemini, nous entraînant dans les méandres de l’espace, ça pourrait être la bande-son d’un jeu vidéo futuriste tel que Mass Effect. On se rêve capitaine de notre vaisseau partant à la découverte de nouvelles planètes. On continue dans la SF avec White cyclosa et son clavier électronique, tout en beauté qui nous berce jusqu’à l’arrivée de Reach for the dead, morceau drone, comme la plupart de leur titre en fait, qui rappel un autre voyage entamé avec Geogaddi, comme un hommage à leur propre œuvre. Jacquard Causway marche vers nous, lentement, telle une troupe d’hippopotame volant dans l’espace. On les voit passer à coté de notre vaisseau et continuer leur chemin sans soucier de notre présence. Telepath, morceau atmosphérique, on entend une voix métallique qui semble faire un décompte « one, two, tree… four…five…..six » visiblement il a du mal et la musique se termine sur l’extinction de sa voix. Cold Earth morceau star de l’album, du boards of canada plus accessible et ça fait du bien, on se laisse emporter par son rythme lent et ces voix incompréhensible chères au groupe. On replonge dans l’expérimental avec Transmission Ferox, l’album prend une autre dimension avec sick times et le magnifique Collapse, meilleur morceau de l’album, le plus trippant. Merde les hippopotames sont de retour, on les entend de loin, ils repassent à coté du vaisseau et rebrousse chemin, Palace posy les emmène vers d’autres contrée. On les a vu s’éloigner mais maintenant une autre aventure s’offre à nous, Split your infinities invite à l’aventure, que va-t-on découvrir après ce titre ? Une planète étrange, désolée, un paysage apocalyptique s’étale sous nos yeux, c’est Uritual. Mais tout ça n’était pas vrai, Nothing is real, la planète n’est plus si inquiétante finalement. Les 4 derniers morceaux closent l’album de manière mélancolique, une dernière montée avec come to dust jusqu’à une fin dramatique avec Semena Mertvykh.
On peut dire ce qu’on veut, ces types nous livrent toujours des albums très travaillés et on ce « truc » qui fait les grands artistes, la passion, et il nous la partage. On aura la patience d’attendre encore 6 ans si c’est pour un résultat aboutit, il prennent leur temps et on aime ça.
Shanks-le-roux
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le 22 oct. 2013

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