West End Girl
6.7
West End Girl

Album de Lily Allen (2025)

Je ne suis pas un fan de Lily Allen. Je ne connais pas sa musique à l'exception de quelques uns de ses tubes des années 2000 et je ne sais rien d'elle sinon quelques souvenirs d'une vidéo d'Architecture Digest où elle faisait visiter sa maison. Pourtant, j'étais curieusement intrigué par le petit buzz en train de se créer autour de "West End Girl" alors je l'ai lancé.


West End Girl est donc un concept album où une narratrice expose tout au long de 14 titres le calvaire psychologique d'une relation prometteuse se transformant en un mariage ouvert non-consenti, et qui n'est pas sans évoquer un certain "Lemonade".

Conceptuellement l'album est construit comme le couloir d'un hôtel dont chaque porte est entrouverte pour nous permettre d'apercevoir la dépravation d'un mari incapable d'aimer sa femme, et la plongée de celle-ci dans la culpabilité, la dépression et la haine d'elle même, jusqu'à l'exutoire final.

Dans une certaine mesure, le choix d'un focus extrême sur le sujet abordé fonctionne bien et place l'auditeur dans la situation inconfortable du voyeur malgré lui, ou de l'ami assis au bar contraint d'écouter le tunnel d'horreurs de la victime. On ressent de l'empathie pour la narratrice, du dégoût pour son bourreau, et la gêne de celui qui préfèrerait être loin de cet album en forme de trauma-dump sauvage.

Pourtant, l'exercice rencontre ses limites et un bon tiers de l'album est constitué de morceaux ne servant qu'à la progression de l'histoire, sans substance voire carrément cringe. Au milieu de l'album, une question s'est imposée à moi pour ne plus me quitter : should I care ? Devrais-je y accorder de l'importance ? À cette histoire finalement banale ? A cette femme ? A son mari ? À leur vie ?

Lily Allen ne facilite pas la réponse car la faiblesse de certains textes renforce la sensation que l'album s'étire et verse dans le superflu, là où un peu de hauteur et de sérieux auraient permis de solidifier un édifice où les productions (excellentes) convoquant tout le paysage musical britannique, de la pop-anglaise au dub en passant par l'hyperpop et le r'n'b semblent souvent trop vaste pour ce qu'elle y dépose.


Well, should I care or not then ? Well... yes.


A la fin, West End Girl est un album singulier qui vaut le coup d'être écouté en lisant les paroles, et qui, me concernant, aura eu le mérite de retenir ma concentration du début à la fin car je n'aime rien tant qu'une bonne histoire. Et si je regrette l'insistance parfois dérangeante de Lily Allen sur le sordide, West End Girl n'en reste pas moins un album fascinant par sa clarté confinant à la candeur, et sa profondeur émotionnelle.


Mes préférés : Ruminating, Relapse, Just Enough, Dallas Major

L'album est d'autant plus intéressant quand on a la chance, comme moi, de ne rien savoir de Lily Allen. Car l'autre question qui m'aura taraudé tout l'album était celle de savoir la part de fiction (ou de réalité) dans West End Girl. J'ai donc découvert, après l'écoute de l'album qu'il s'agissait d'une oeuvre largement inspirée de son divorce d'avec David Harbour.


Manaan
8
Écrit par

Créée

il y a 3 jours

Critique lue 7 fois

Manaan

Écrit par

Critique lue 7 fois

D'autres avis sur West End Girl

West End Girl
Manaan
8

Should I care ?

Je ne suis pas un fan de Lily Allen. Je ne connais pas sa musique à l'exception de quelques uns de ses tubes des années 2000 et je ne sais rien d'elle sinon quelques souvenirs d'une vidéo...

il y a 3 jours

West End Girl
albzik
9

Un album transperçant

C'est le grand retour de Lily Allen la chanteuse british qui n'a pas sa langue dans sa poche, on se rappelle de deux albums british dans les années 2000 qui ont eu beaucoup de succès avec des...

le 1 nov. 2025

Du même critique

Héra
Manaan
6

Georgio 25 ans, 40 ans de carrière.

Georgio a baroudé. Il en a fait du chemin depuis ses 18 ans et ses premiers freestyle, il en a passé des nuits à gratter le papier avec son stylo bic que son meilleur ami (mort du typhus depuis) lui...

le 16 nov. 2016

36 j'aime

2

Trône
Manaan
7

Est-on condamné à aimer Booba ?

C'est toujours la même chose. Booba sort un album, alors on se jette dessus pour l'écouter. La moitié des morceaux on a envie de le gifler, mais quand l'album est fini on y retourne parce qu'on a...

le 1 déc. 2017

27 j'aime

3

Feu
Manaan
9

100% Rap.

On ne va pas se mentir plus longtemps, l'album de Nekfeu vaut le détour. Il vaut même carrément la peine de prendre une pause bien méritée, une grande respiration et de notifier à tous les gêneurs...

le 8 juin 2015

24 j'aime

4