Alors que l’intrigue du Sommeil du monstre était presque indépendante, celle de 32 décembre part clairement pour dépasser la limite de l’album, et s’achève logiquement en plein suspense. Pourtant Bilal scénariste ne lambine pas : chaque page ou presque apporte de nouveaux éléments. Il faut bien ça, d’ailleurs, pour rendre l’ensemble lisible, quitte à multiplier explicitement les points de vue — procédé que je n’affectionne pas, mais qui trouve ici sa nécessité. Comme le récit se paie le luxe de quelques scènes qui sont des morceaux de bravoure — le happening de Warhole, la descente dans la caverne — les cinquante-huit planches ne sont pas de trop.
Scénaristiquement et graphiquement typique de Bilal, ce deuxième épisode est, par ailleurs, encore plus personnel que le premier : la guerre civile de Yougoslavie s’y constitue véritablement en matrice, traitée avec profondeur et intelligence. Et la figure de Sasha y prend de l’envergure.