Adolphus Claar par Alligator

Yves Chaland est un auteur dessinateur qui me fascine. J’hésite à parler de “génie”, mais j’en ai bougrement envie.

Son dessin est étrange, provenant de manière tellement évidente de l’école franco-belge, il a une particularité très moderne, très marquée par les années 80, une façon de se détacher du dessin traditionnel tout en gardant des caractéristiques fortes.

Surtout, c’est sa manière de capter l’action et de la découper, notamment grâce à l’ellipse. Lire une bédé de Chaland est très agréable, facile, et en plus, on a l’impression d’être intelligent. En effet, il y a de nombreux clins d’oeil, dans les détails de la narration qui font qu’on est baladé, mais qu’on finit toujours par s’y retrouver. De la surprise presque à chaque case nous attend. On se demande quelle mouche le pique à dessiner ceci ou cela, à mettre ce personnage dans cette situation, celui-là dans une autre. Les histoires sont si délirantes alors qu’elles se donnent l’air d’être tout à fait ordinaires ou du moins habituelles. Très étrange. Et pourtant, à la fin, tout fait sens, comme dans un gag d’ensemble final. Chaland nous refait tomber sur nos pattes : un récit félin en somme.

Et cet Adolphus Claar, avec ses petites histoires, est la parfaite illustration de ce déchaînement d’idées, à la fois légères et percutantes. J’aime beaucoup les albums plus sérieux de Chaland, mais j’adore la loufoquerie complètement avalée et digérée de cet album.
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