Qui connait Jacques Tardi l'auteur, sait la place que prend l'histoire récente dans son oeuvre, les deux guerres mondiales, sans parler de la Commune de Paris. Tardi a été marqué par une famille traumatisée par les horreurs nationalistes de la première moitié du XXème siècle.


Ses grands pères ont fait les tranchées. Un seul est revenu. Son père fut prisonnier de guerre en Allemagne après avoir participé à la guerre de 40. Tardi nous narre les souvenirs paternels, des camps de travail et du retour en France dans les deux premiers volumes de "Moi, René Tardi.."


Ce volume, l'opus 3 est doublement intéressant. Jacques, l'auteur, se met pour la première fois en scène. Il naît en 1946 et son paternel rempile dans l'armée, retourne en Allemagne dans la peau du vainqueur et de l'occupant.


Le découpage est presque une contrainte oubapo. Trois vignettes rectangulaires superposées par page, fois 150. Ce format cinémascope offre la possibilité d'illustrer richement le récit. La narration est en voix off. Ce qui n'empêche pas les personnages de phylactèriser.


L'histoire repart avec un dialogue fictif entre le père et le fils afin de résumer, et surtout de décrire le contexte. L'auteur ne nous laisse pas sur notre faim et ses commentaires sur la situation politique par la bouche de son père, sont directs et sans gant.


On fait connaissance avec quelques destinées familiales, on partage la vie de quelques illustres voisins. Puis, au fur et à mesure que Jacques grandit, la vision du père est remplacée par l'expérience du fils. La narration bascule en douceur et Jaques prend la main dans la deuxième partie. Il nous raconte son enfance partagée entre l'Allemagne et ses voyages auprès de ses deux grands parents en France.


Enfin, l'univers du bambin se pare de quelques couleurs comme pour souligner l'importance de la pub, et des BD d'époque, mais aussi de son univers, avec les histoires qui l'ont marqué et sa passion déjà pour le dessin. Ces couleurs sont aussi présentes pour nous dire peut-être que la guerre cette fois s'éloigne et que lui le rejeton se tourne vers la vie et l'avenir.


Tardi est un des plus grands auteurs de BD au monde. (rien que..). Il est difficile de trouver un bémol à sa dernière production. On n'entre peut-être pas si facilement dans l'histoire dans les 30 premières pages, mais c'est une remarque personnelle. Son parcours et les souvenirs de sa famille valent de toute façon largement le détour. Celle-ci a vécu au coeur de l'Histoire et en se mettant lui, l'auteur, enfin en scène, il a bouclé le cycle de l'horreur et du traumatisme.

Seemleo
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le 2 janv. 2019

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