J'ai commencé à lire les Mighty Avengers de Bendis où Carol Danvers et Tony Stark recrutent Arès pour leur équipe. C'est la première fois que le personnage rejoint les Avengers, il était jusque là plutôt un vilain, et j'ai eu envie d'en savoir plus sur lui, surtout qu'ils avaient l'air de faire référence à un changement de statut quo pour le perso (avec le fait qu'il ait un fils et travaille dans la construction aux Etats-Unis). Et c'est en faisant un tour sur Marvel Database que j'ai vu que le collaborateur de Bendis sur Powers, Michael Avon Oeming, avait scénarisé une mini-série Ares quelques mois auparavant, et je suis donc allé voir ça.


Par contre, je n'ai aucune idée de pourquoi quelqu'un s'est dit qu'il fallait donner une mini-série à Ares. C'est assez improbable comme idée, vu qu'à part Hercules qui n'est pas non plus ultra populaires, les divinités grecques et romaines n'ont jamais eu trop la côte chez Marvel. Mais vu qu'on était dans l'époque où Thor n'était plus là, c'était sans doute dans le but de proposer un remplacement pour le dieu du Tonnerre pour les Avengers, en expliquant pourquoi Ares était désormais un anti-héros et plus un vilain, et avec possibilité, si succès, de pouvoir faire des intrigues mythologiques dans la veine de ce qu'on pouvait avoir sur Asgard.


Donc qu'est-ce que nous raconte cette mini-série ? Et bien qu'Ares était bel et bien le dieu de la guerre, mais pas dans ce qu'elle pourrait avoir de noble, mais ce qu'elle a de plus sale. Ce qui est un peu étrange pour caractériser le personnage principale puisque ça en fait tout de suite de lui un salopard qui a torturé, éventuellement tué des innocents et violé. Mais Oeming ne s'attarde pas trop dessus, ce qui l'intéresse c'est que par son côté peu recommandable, Ares devient un paria auprès des autres dieux du panthéon grec qui ont tendance à le mettre à l'écart, à l'exclure, pour mieux le rappeler quand ils ont besoin de quelqu'un pour les sortir de la merde. Lui qui est quelqu'un pour qui la fin justifie les moyens, qui est un guerrier hors-pair, est en quelque sorte l'idiot utile des dieux.


Du coup, Ares décide de prendre congé de ses pairs et va s'installer aux USA (aucune raison n'est donné à ce choix par contre) où il a un fils qu'il décide d'élever seul, en le préservant de ses liens avec la mythologie grecque, et sans sa mère dont on a aucune info sur l'identité. Et très vite on apprend qu'en plus d'être une potentielle ordure pour ses faits de guerre, Ares est en plus un connard misogyne qui ne veut pas qu'une femme élève son fils pour ne pas le "ramollir", "l'adoucir", parce qu'il doit devenir un homme, un vrai. Au secours.


Et bien entendu quelques temps plus tard, le fils d'Ares va être enlevé, ce dernier va alors tout faire pour le retrouver et il va se retrouver à servir une nouvelle fois les dieux grecs pour les aider à combattre une divinité maléfique japonaise qui a décidé de conquérir les autres panthéons. Zeus, Hercules et leurs potes ne pouvant faire appel à Asgard qui est à l'époque disparue, Ares est leur dernier espoir. Et on a ensuite une quête assez classique qui mêle guerre contre un gros vilain très puissant et fourbe et drame familial, avec des liens qui vont à la fois se rompre et se consolider entre les différents personnages.


Il y a donc du bon et du mauvais dans cette mini-série. C'est une bonne introduction aux dieux grecs de Marvel quand, comme moi, on ne les a jamais croisé dans d'autres récits auparavant. J'aime également l'idée de développer un nouveau "héros" pour l'éditeur, et en une seule mini-série, il a déjà tout un univers très solide autour de lui, avec un supporting cast assez riche, des motivations et un bon adversaire. D'ailleurs c'est un autre des bons points de la mini, cette idée de se faire confronter plusieurs panthéons de dieux, et de ramener les anciens dieux japonais qui, je pense, n'étaient jamais apparus dans les comics Marvel jusque là. C'est toujours intéressant quand Marvel essaye de mondialiser son univers.En outre, Mikaboshi est une vilaine très réussie, bien perfide, surpuissante et avec un design remarquable, en particulier quand elle utilise ses pouvoirs où on a le droit à des visuels assez fous.


Par contre, comme je l'ai plus ou moins dit plus haut, Ares est un anti-héros assez peu attachant. Il répond à des codes viriles beaucoup trop poussés et jamais vraiment remis en question par l'histoire ou les autres personnages. C'est fait avec un côté un peu over-the-top, ce qui peut être plutôt amusant, et le côté mal alpha taciturne a déjà fait la popularité d'autres héros Marvel comme Wolverine ou le Punisher, mais c'est assez étonnant que ce caractère soit quasiment célébré par le récit. Ceci étant dit, on peut voir ça aussi comme une façon d'éviter trop de manichéisme dans cette histoire, en montrant que même de gros connards comme Ares ont un part d'humanité, de compassion et d'amour, et inversement les autres dieux grecs qui se pensent si nobles et valeureux ont un côté élitiste, arrogant et hypocrite.


En autres défauts de la mini, il y a aussi son classicisme. Une fois l'intrigue lancée, on est quand même sur des gros rails, où le drame familial est utilisé pour des rebondissements qui se voient venir à des kilomètres, et où la fin est bien niaise à souhait. Ça ne réinvente clairement pas le récit de "pères près à tout pour sauver leurs enfants" et on a pas mal de gros clichés hollywoodiens qui sont utilisés. Donc c'est clair que ceux qui veulent des lectures un peu originales dans leurs structures seront un peu déçu.


Et c'est dommage parce qu'à côté, la mini est plutôt originale dans son univers pour une série Marvel, avec justement cette proposition de nouveau héros et de nouveaux vilains. En outre, c'est Travel Foreman aux dessins, et qui a déjà croisé ses dessins (il a notamment fait Animal Man durant les New52, la fin de la série Immortal Iron Fist après le départ de Brubaker et Fraction, la mini-série Spider-Man de Civil War II ou encore Ultimates²) sait que c'est un dessinateur éminemment singulier qui donne une atmosphère assez unique à la série, notamment dans ses designs qui ne sont pas du tout influencés par les codes classiques des comics de super-héros, ce qui est assez rafraîchissant. C'est un dessinateur qui peut être assez inégal, mais la bonne nouvelle est qu'il est ici accompagné d'un encreur (ce qui devrait être le cas plus souvent) et ça rend ses dessins plus homogènes, plus classiques aussi, certes, mais également plus appréciables et faciles d'accès.


Et il s'en sort vraiment très bien. Il se défoule avec pleins de petites cases dans les scènes d'action, utilise bien les aplats noirs pour donner une atmosphère très sombre et mélancolique au récit qui colle très bien, il arrive également bien à retranscrire le côté mystique des divinités et il est super bon pour dessiner les personnages du panthéon japonais, qui répondent forcément à des codes graphiques différents par rapport aux personnages grecques ou américains. C'est à mon sens peut-être un des meilleurs boulots du dessinateur.


Donc voilà, une mini-série quand même plutôt destiné à tomber dans l'oubli, à part si le personnage redevient miraculeusement populaire dans les prochaines années (mais c'est pour l'instant mal engagé, il se dirige plutôt vers les limbes), mais qui est une lecture franchement très honnête, malgré un certain classicisme et un héros qui ne plaira pas à tout le monde.

Créée

le 17 mai 2018

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