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Barrio
8.5
Barrio

BD (divers) de Carlos Giménez (1999)

L'histoire d'un môme, l'histoire d'un pays.

Deuxième intégrale de l'auteur Giménez. Et comme pour le premier, plus de 10 ans séparent le premier tome des suivants qui y sont compilés. L'idée de regrouper ces albums permet d'apprécier l'évolution graphique et narrative de l'auteur: mieux, le lecteur peut sentir la maîtrise de l'auteur se confirmer au fil des ans.

Chaque album possède ainsi son concept, son fil conducteur; ce qu'il reste, ce sont des récits qui dépeignent cette Espagne qui peine à se relever. Et ce au travers du regard d'enfants facétieux, purs, qui ne comprennent pas l'ampleur de la situation. Ce point de vue permet de ne pas tomber dans le misérabilisme. Car un enfant trouvera toujours le moyen de rire, quelque soit le malheur. C'est un peu similaire à l'insoutenable légèreté de l'être dont nous parle Kundera au travers de ses oeuvres littéraires. Derrière un sourire se cache une misère à peine dévoilée. Le lecteur saute ainsi de subtilité en subtilité et jouit d'un portrait suffisamment complet, magré ses mystères restés insondables.

Lorsque j'ai terminé cette compilation, je n'ai pu retenir une larme d'émotion. Pourtant la dernière histoire n'est pas la plus triste. Ce qui émeut, c'est plutôt l'optimisme de l'auteur sur la nature humaine. Aussi sombre puisse être l'époque dépeinte, un message positif ne peut que ressortir. Cette foi inébranlable en l'homme peut paraître celle d'un enfant elle même. Et au final, soi même, on regrette de ne plus être cet enfant dont Giménez nous parle. Car même si l'on n'est pas né en Espagne en cette période noire, on ne peut que s'identifier à ces gosses confrontés à la dure vie. L'exploit absolu de l'auteur est de permettre au lecteur d'incruster son expérience personnelle dans le creux des évènements historiques, comme si, peu importe son ampleur, un drame reste un drame.

Graphiquement, il est difficile de juger l'ensemble tant l'évolution est nette. Personnellement j'aime tout. Ses premiers dessins sont plus ronds, tandis que les derniers s'avèrent être très carrés et jetés. Le découpage est d'abord très classique et stricte, puis plus libéré, l'auteur se permettant tout, au point de flirter avec le style de Eisner par moment. Le noir et blanc est utilisé intelligemment, sans effets inutiles, trop conscient qu'en foutre plein la vue dénaturerait le propos.

Bref, le bouquin s'avère être un regard en arrière pour chacun. Le lecteur décidera s'il préfère le style plus épuré des récents albums où celui plus minutieux des premières planches. Dans tous les cas, il prendra plaisir à se plonger dans la petite parcelle de bonheur que nous dépeint Giménez. A lire!

Fatpooper
10
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le 30 janv. 2012

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Fatpooper

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