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Étant habitué à lire des BD Star Wars (qui viennent donc de chez Marvel), la densité de cette BD m'a beaucoup surpris.

Sur 300 pages, il se passe énormément de choses. Il y a beaucoup de dialogues, beaucoup de combats, et beaucoup de personnages qui débarquent. On est loin des aventures plus anecdotiques de Star Wars réglées en 5 numéros avec soit des dialogues creux et vains pour la période de la prélogie, soit du piou piou dans l'espace pour la période de la trilogie et de la postlogie.

Les dessins sont très réussis, toujours réussis, peut-être un côté trop fouillis sur certaines planches où il y a un peu trop de cases pour rien, mais j'ai été très impressionné de cette qualité de dessin pour du comics, à savoir de la BD créée à un rythme industriel. Alors après, il faut bien l'avouer, les personnages sont hyper sexualisés. D'une part les hommes avec des muscles saillants en quantité excessive, ce qui est quand même très courant dans le monde des super-héros, mais aussi les femmes, constamment cambrés pour que leurs fesses ou leurs seins soient au premier plan. Ce n'est pas une critique spécialement péjorative pour moi de faire remarquer ce détail (après tout je suis un homme hétéro, je ne vais pas me plaindre de voir le cul de Catwoman ou d'Harley Quinn en gros plan), ça marque juste un certain style un peu désarmant quand on n'est pas habitué à cette dimension particulière du monde des comics.

Les couleurs sont plutôt jolies, c'est toujours très sombre, mais on a un peu de tout (dominante tantôt rouge, bleue, violette ou verte) dans des décors variés. Il y a aussi une très bonne idée de mise en image pour les flashbacks avec cet aspect crayonné qui retranscrit le côté imprécis d'un souvenir tout en étant suffisamment clair pour être agréable à regarder.

Le scénario est très touffu puisque les deux-tiers des personnages de l'univers DC semblent faire une apparition, mais l'auteur réussit (et c'est une prouesse à ce niveau-là) à nous tenir en haleine tout le long du récit.

On a affaire à un Batman qui se questionne et c'est pour ça aussi que j'apprécie ce héros et que j'ai aimé cette BD. Ce n'est pas un simple héros qui tel un fasciste fait sa loi dans sa ville, il est parfois rattrapé par la loi, la vraie, et il est toujours bon de le faire remarquer. Grand absent de cette BD toutefois, c'est le peuple de Gotham. Même s'ils ont toujours une petite place dans les récits qui entourent Batman, ils ne sont quasiment pas représentés du tout. La BD donne donc l'impression de cette ville où seuls les héros et les méchants de l'univers DC existent, hormis un otage (riche) et un mort, on ne voit jamais comment le peuple vit toutes ces menaces qui s'additionnent et s'abattent sur la ville, c'est un peu regrettable.

Ça aurait pu être carrément indigeste et ça l'est parfois, ce n'est pas une BD qu'on lit d'une traite (enfin, je ne l'ai pas lu d'une traite en tout cas), mais on a simplement l'impression d'en avoir eu pour notre argent une fois qu'on l'a terminé. Silence est une œuvre qui n'est pas dénuée de défauts, mais si généreuse qu'ils sont assez rapidement compensés.