Suite et fin... C'est assez affligeant en fait... Et vraiment dommage d'avoir autant bâclé ce qui aurait mérité d'être un bel évènement dans le monde de la bande dessinée...
Alors ils se sont gargarisés à coup de déclarations dithyrambiques de Jim Lee (cf. début du 1er album), vautrés dans le caractère exceptionnel de cette première collaboration de DC Comics avec un auteur européen pour Batman, pour au final accoucher de ça ! Honnêtement, j'y vois véritablement une forme de manque de respect pour le lectorat.
Bon, rentrons dans le vif du sujet : si graphiquement, l'album ne manque définitivement pas d'attraits, il pâtit d'un cruel manque de profondeur scénaristique. C'est très, très, très mal écrit. Les innombrables répliques nanardesques


("Vous voilà Papa à présent. La fête est finie fiston, bienvenue dans le monde réel."),


poussives ("N'oublie pas que chauve-souris rime avec souris" ou le truc avec les syndromes de Stockholm et de Lima), ou à l'humour simultanément pompeux et douteux (Beethoven = bite au vent, Rachmaninoff = boeuf stroganoff...) ont ce mérite d'être raccord avec une histoire qui n'offre à aucun moment les gages de solidité qu'on est en droit d'attendre d'elle. Les ressorts narratifs sont tellement faibles qu'ils parviennent presque à ternir la classe naturelle du personnage de Batman. Mais ça rejoint ce que je disais aussi pour le premier tome : on peine à croire que Marini a véritablement respecté le personnage qu'il a eu le privilège de se voir confier.
La cohérence du tout est elle aussi incroyablement bancale. Séparément, on trouve pas mal de scènes assez sympas, d'autant qu'elles sont, encore une fois, vraiment bien brossées. Agglomérées, ça donne un truc assez informe. C'est sans doute du aussi à la brièveté du format... Et en même temps, ils s'accordent le luxe de nombreuses planches facultatives. Tout le passage sur la colère de Batman qui veut retrouver le Joker, à cheval sur les deux albums, est très cool, mais au final, il n'apporte strictement rien au propos. Pire !


Il faut attendre que le Joker donne rendez-vous à Batman pour qu'enfin il le retrouve...


Parfois, des grosses ficelles tirées pour être aussitôt abandonnées (ça valait vraiment la peine de les tirer du coup ?). Et un retournement final aussi grotesque et attendu qu'il aurait pu être puissant et surprenant...
Bref, ça partait d'une vraie bonne idée et il y avait quelque chose à travailler, mais Marini est passé totalement à côté du filon. Vraiment, sur ce coup-là, il aurait du se trouver un auteur. Tout est prétexte à de jolis dessins, c'est tout. D'ailleurs, il a du bien se gaver avec la galerie 9e art qui a revendu pas mal d'originaux à l'occasion. Bravo à DC Comics pour ce joli coup de fric. J'attends impatiemment la sortie du tirage limité et de la version intégrale avec son double collector ! J'avoue que je vais mettre un peu de temps à cicatriser...

Erroll
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le 16 juin 2018

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