Big Iron - Iron Man by Christopher Cantwell, tome 1 par arnonaud

Avec l'event Iron Man 2020, Dan Slott a conclu son run sur le personnage. Est-ce que c'était toujours le plan d'aller uniquement jusqu'au clin d'œil à l'histoire classique Iron Man 2020 puis de laisser la main ? Ou est-ce parce que les ventes n'étaient pas assez élevées au goût de Marvel (puisque la série Tony Stark: Iron Man vendait alors moins que Cap America, Thor...) ? J'espère pour Marvel que ce n'est pas cette option là, puisque la série actuelle ne vend apparemment pas mieux aujourd'hui (au moins ils ont pu profiter d'un effet numéro 1).


Bref, Iron Man s'offre donc un nouveau relaunch, avec cette fois Cantwell au scénario et l'excellent Cafu aux dessins (qui est arrivé sur cette série alors qu'il sortait juste de son run sur Valkyrie où il avait vraiment fait un superbe boulot), et une nouvelle armure un poil plus rétro (et surtout dans la lignée de celle d'Avengers Endgame) designé par Alex Ross qui s'occupe également des couvertures (d'ailleurs Ross dessine le vieux casque d'Iron Man sur les couvertures, mais dans les pages intérieures, le heaume est fort heureusement dans la lignée des casques que porte Iron Man depuis le design culte d'Adi Granov et le premier film).


Je n'ai pas lu l'event Iron Man 2020, donc je ne sais pas trop comment Slott a fini son run, mais en tout cas pour cette nouvelle série, c'est un virage à 180° : fini les intrigues sur le transhumanisme et les IA, avec pleins de persos secondaires et où Stark Unlimited joue un large rôle. Ici, notre héros a décidé de quitter son entreprise et est en pleine crise existentielle. Pas pour savoir s'il est un humain ou une machine comme chez Slott, mais plutôt par rapport à son rôle dans la société et le fait qu'en tant que figure publique et (ex)PDG milliardaire à la Elon Musk, tout le monde le déteste.


Le type se cherche et part dans un espèce de trip vintage au niveau de son look (cheveux un peu plus long et moustache 80's), son armure (et l'IA de celle-ci, plus basique) et même sa caisse. Et il est vraiment en solo (la romance avec la Guêpe est mentionné mais dégagée à la vitesse de l'éclair), avec pour seul allié Patsy Walker AKA Hellcat (pourquoi elle ? Sûrement parce que sa carrière de mannequin fait qu'elle peut se retrouver à une réception new-yorkaise de Tony Stark ?) qui semble vouloir l'aider à traverser cette phase de sa vie. Rapidement ils vont se retrouver embarquer dans une intrigue face à un adversaire encore plus mégalo que Stark : Korvac, le type qui voulait devenir un dieu cosmique.


C'est un adversaire un peu improbable, surtout connu pour arc des Avengers plutôt culte de la fin des années 70 (même si à mon sens c'est pas non plus l'histoire du siècle, mais y a un côté un peu SF grandiloquente à la Starlin mélangé à la banlieue américaine qui n'est pas désagréable), mais c'est vrai que son ego surdimensionné en fait un adversaire intéressant pour Stark qui sinon n'a, à ma connaissance, étonnement pas tant de figures similaire dans sa rogue-gallery.


Le choix de Korvac permet aussi une évolution de la tonalité très intéressante. On commence sur quelque chose de très urbain et avec pas mal de légèreté à quelque chose de plus en plus S-F au fur et à mesure et surtout de plus en plus sombre et désespéré. Les personnages se révèlent toujours plus fragiles et doivent faire face à un adversaire qui ne fait que gagner en puissance, et ils sont complètement coupés des deus ex machina habituels : il n'y a pas de labos avec des technologies du futur, les héros les plus puissants ne sont pas accessibles, et ça donne quelque chose d'assez trépidant avec Tony Stark qui doit arrêter un mec surpuissant avec les moyens du bord et des alliés de seconde zone. L'arc vire même limite dans le grim & gritty avec la pauvre Patsy Walker qui s'en prend quand même plein la gueule.


A noter que Cantwell a décidé de partir sur un long arc d'introduction, donc ce tome 1 ne contient que le début de l'intrigue et pas sa résolution. J'aime bien le choix de partir sur une intrigue longue, ça me rappelle les longs premiers arcs du Thor d'Aaron ou du Captain America de Remender qui étaient vraiment excellent. Je ne suis pas sûr qu'on atteindra la même qualité ici, mais je pense que c'est un format d'intrigue qui devrait être utilisé plus souvent. Et surtout ça rend quand même bien curieux d'aller voir ce que donnera le tome 2.


Sur la partie graphique, Cafu est magistral. J'aime beaucoup son style réaliste qui est vraiment super maîtrisé. C'est élégant et en plus il arrive à bien gérer les émotions des personnages (ce qui n'est pas toujours le cas des dessinateurs réalistes). En outre, entre son travail sur Valkyrie et celui-ci, le dessinateur semble aimer dessiner des super-héros et surtout des vilains avec des costumes ringards/vintage c'est assez amusant.


De fait, avec son esthétique qui lorgne souvent vers le Iron Man des années 70-80 et ses quelques références assez obscurs à des comics souvent vieux d'au moins 30 ans, la série semble surtout s'adresser à des vieux lecteurs un peu nostalgiques, mais pourtant je pense qu'avec la beauté des dessins de Cafu et la montée en puissance dramatique tout au long de ce premier tome, c'est un run qui pourrait parler à un public bien plus large. En tout cas, pour comparer à d'autres débuts de runs sur Iron Man, on est clairement mieux que les débuts du run de Gillen qui étaient un peu ratés, c'est plus beau que le run de Fraction et Larroca (qui reste cependant très bon), et je pense que c'est quand même plus consistant que les débuts du run de Bendis, même si on a quand même pas la même accessibilité ici, faut bien l'avouer.


A voir comment Cantwell termine son intrigue, mais ce nouveau run d'Iron Man commence quand même plutôt pas mal.

arnonaud
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Lus grâce à Marvel Unlimited et Lu en 2021

Créée

le 13 sept. 2021

Critique lue 74 fois

1 j'aime

arnonaud

Écrit par

Critique lue 74 fois

1

Du même critique

Petit - Les Ogres-Dieux, tome 1
arnonaud
9

Critique de Petit - Les Ogres-Dieux, tome 1 par arnonaud

Cette BD est géniale. Le concept de base, déjà, m'a immédiatement accroché et fasciné. On a un royaume où la famille royale est géante, avec des humains comme serviteurs et surtout comme nourriture...

le 4 janv. 2016

20 j'aime

Spider-Man par J.M. Straczynski, tome 1
arnonaud
9

Critique de Spider-Man par J.M. Straczynski, tome 1 par arnonaud

Je suis bien content d'avoir enfin eu l'occasion de lire ce gros volume parce qu'il est vraiment d'excellente qualité. C'est une merveilleuse démonstration du fait que l'on peut faire des histoires...

le 6 juil. 2015

17 j'aime