J'aime beaucoup Loisel et savoir qu'il allait revenir en tant qu'auteur accompli même le temps d'un seul album hommage à Mickey, ça m'a fait plaisir. Par auteur complet, j'entends scénariste et dessinateur, surtout dessinateur puisque cela fait plusieurs années qu'il se contente de découper ou de faire les crayonnés pour d'autres (apparemment il ne prenait plus trop de plaisir à encrer lui-même ses planches, plaisir qu'il aurait cependant retrouvé dans cette aventure).


Et faut dire que le graphisme de cet album est très plaisant : on sent Loisel à l'aise dans cette Amérique en pleine crise financière : ces baraques gondolées, ces planches pourries servant de trottoir, cette flore envahissant la rue de cette petite ville, ça reste dans le ton d'un Loisel classique. Là où je suis surpris de son efficacité, c'est pour dessiner Mickey et ses comparses à l'ancienne, ça passe assez bien, et ce même si le bougre conserve sa mise en scène très cinématographique (cela se ressent au travers de certains cadrages très dynamiques). Le format est également un plaisir.


Le récit est nettement moins convaincant. Pourtant, ça part d'une bonne idée : montrer Mickey qui cherche du boulot. Mais après cette histoire de zombies, bien qu'amusante dans un premier temps, devient vite assez lourd et pénible à lire. Le pire, c'est qu'il ne se passe pas grand chose mais que Loisel multiplie les actes spectaculaires et finit par en rendre sa narration très brouillonne pour ne pas dire incompréhensible. C'est linéaire mais c'est décousu, c'est le gros foutoir. En plus, il y a énormément de textes, parfois des répliques explicatives dont on se passerait, et ce texte, il prend beaucoup de place, au point de gêner la beauté des images, au point de gêner la lecture qui devient vite fastidieuse. Du coup, tout le plaisir graphique se perd et aller au bout de l'album demande un effort non négligeable là où l'album devrait pouvoir se lire tranquillement.


L'humour passe également assez mal. Je ne suis plus sûr si j'ai bien lu ça, mais il me semble que Loisel avait précisé qu'il avait dû faire des efforts pour inclure de l'humour mais qu'il en était très content. Et bien moi je n'ai presque pas ri. La plupart du temps, ses gags consistent à faire tomber des personnages, à les faire se bagarrer. Cela pourrait être drôle, mais Loisel ne parvient pas, par le dessin, à rendre ces chutes amusantes, ces coups dans le gnon rigolos. Il manque à Loisel un ton humoristique dans les tronche des personnages, dans la manière de les faire se mouvoir. Une question de cadrage peut-être. Du coup, Mickey et ses amis ont une bonne gueule, mais ils ne font jamais marrer en soi comme c'était le cas avec les vieux Mickey où juste voir la tronche des héros suffisait à esquisser un sourire (et je dis ça sans être un professionnel de cet univers).


Bref, je pensais que j'allais passer un bon moment et en fait non.

Fatpooper
5
Écrit par

Créée

le 26 nov. 2016

Critique lue 765 fois

3 j'aime

9 commentaires

Fatpooper

Écrit par

Critique lue 765 fois

3
9

D'autres avis sur Café Zombo - Mickey vu par..., tome 4

Café Zombo - Mickey vu par..., tome 4
Meige
3

3 raisons de ne pas lire Café Zombo

On dirais une reprise d'un style et d'un humour d'une époque lointaine. Mais était-ce vraiment aussi mauvais à l'époque ? 1 : Pour ce qui s'agit de l'humour, on a la vision simpliste d'un auteur de...

le 30 avr. 2018

3 j'aime

1

Café Zombo - Mickey vu par..., tome 4
matvano
7

Mickey par Loisel: un "acte d'amour"

Incroyable mais vrai: personne ne veut embaucher Mickey Mouse! Dans l’Amérique des années 30, lui et son copain Horace font la queue tous les matins pour trouver un job, mais bizarrement ils ne...

le 3 janv. 2017

3 j'aime

Du même critique

Les 8 Salopards
Fatpooper
5

Django in White Hell

Quand je me lance dans un film de plus de 2h20 sans compter le générique de fin, je crains de subir le syndrome de Stockholm cinématographique. En effet, lorsqu'un réalisateur retient en otage son...

le 3 janv. 2016

121 j'aime

35

Strip-Tease
Fatpooper
10

Parfois je ris, mais j'ai envie de pleurer

Quand j'étais gosse, je me souviens que je tombais souvent sur l'émission. Enfin au moins une fois par semaine. Sauf que j'étais p'tit et je m'imaginais une série de docu chiants et misérabilistes...

le 22 févr. 2014

116 j'aime

45

Taxi Driver
Fatpooper
5

Critique de Taxi Driver par Fatpooper

La première fois que j'ai vu ce film, j'avais 17ans et je n'avais pas accroché. C'était trop lent et surtout j'étais déçu que le mowhak de Travis n'apparaisse que 10 mn avant la fin. J'avoue...

le 16 janv. 2011

103 j'aime

55