CRITIQUE DES SEPT TOMES


Le mélange de western et de fantastique est un exercice casse-gueule tant au cinéma (Wild Wild West, Cowboys et envahisseurs) qu'en bd (Jonah Hex). The Sixth Gun reste aujourd'hui l'une des meilleures réussites dans le genre. Paru entre 2010 et 2016, cette série de comics méconnue, imaginée par le scénariste Cullen Bunn et le dessinateur Brian Hurtt, prend pour cadre les vastes contrées américaines au lendemain de la guerre de sécession. Des cavaliers inquiétants sillonnent le grand ouest sauvage à la recherche de six revolvers magiques, que convoite leur chef, le terrible général Hume, créature malveillante, suspendue entre la vie et la mort. Alors qu'un aventurier dénommé Drake Sinclair, cherche lui aussi à s'emparer des armes et conclut un marché avec les forces occultes, la fille d'un pasteur récemment assassiné hérite d'une de ces armes et se retrouve vite prise en chasse par les sbires de Hume. Bientôt rejointe par l'énigmatique Sinclair et son acolyte Billjohn, Becky devra lutter avec eux contre cette horde de tueurs et survivre à l'assaut de créatures terrifiantes issues d'outre-tombe, bien décidées à provoquer l'apocalypse.


Partant d'un postulat peu original, directement inspiré des traditionnels récits d'aventures et de fantasy épique (plusieurs anti-héros, un long voyage, la quête d'un objet magique, un antagoniste redoutable), The Sixth Gun s'écarte pourtant bien vite des sentiers balisés pour révéler un univers passionnant, riche d'une mythologie intarissable qui pioche autant dans les légendes amérindiennes (chamanisme, esprits de la nature), les rites vaudous et les mythes bibliques que dans les grands classiques du western. Peuplé de personnages tous plus ambigus les uns que les autres et de créatures surnaturelles communes au genre fantastique (zombies, démons, momies, dragons), le scénario ne se vautre jamais dans le simple pastiche et réussit à conserver une tonalité dramatique qui fait toute la force du récit. Il révèle aussi des trésors d'inventivité en alignant intelligemment les coups de théâtre tout en revisitant de manière inédite les grands mythes et autres archétypes de l'Ouest Sauvage.


Volontiers horrifique, mais sans jamais se complaire dans la moindre violence trop graphique (l'horreur ici est assez soft), l'ensemble se lit sans restriction d'âge, porté par les très belles illustrations de Brian Hurtt. Le trait épais des personnages, l'inventivité de la narration graphique (voir ce long passage dénué de dialogue dans le volume 4) et la colorisation somptueuse de Bill Crabtree renvoie pour beaucoup aux grandes heures des pulps américains (Le Fantôme du Bengale, The Shadow) et de la bd d'aventure des années 60 (je pense à Blake et Mortimer et même parfois à Tintin) même si l'on pourra quelque peu regretter l'aspect trop figé des dessins dans certaines scènes d'action.
Les comics d'aventure horrifique ne manquent pas à l'heure actuelle mais le mélange des genres au coeur de The Sixth Gun ainsi que l'inventivité de son récit et la beauté de ses planches le portent indéniablement vers le haut du panier. Pour ceux qui, comme moi, se lassent un peu des séries régulières de chez DC et Marvel, ce western fantastique mérite clairement d'être (re)découvert.

Buddy_Noone
8
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le 11 nov. 2019

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Buddy_Noone

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Gritchh
7

Suffisamment bien fait pour être addictif

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