Un déserteur de la guerre du Vietnam, Tenka Taihei, devient malgré lui le chantre du troisième sexe, grâce à son sperme très particulier, mais qui pourrait conduire le monde à sa perte...
Le contexte de publication du titre est similaire à Sous notre atmosphère ou Le chant d'Apollon (voir mes critiques à ce sujet), une période de révolte à laquelle s'ajoutent ici la guerre (du Vietnam) ou l'eugénisme.
Ce dernier terme, qui consiste à la transformation de l'espèce humaine, est au cœur du récit. Toute l'histoire tourne autour de Taihei, petit bonhomme naïf et frêle qui se fait exploiter par tout le monde (de par sa condition de déserteur) pour créer, grâce à son sperme, un troisième sexe, dit les asexués.
Cette création, qui se fait grâce à une trayeuse (!), qui atteindra le nombre incroyable de 260 milliards de fœtus, aura des conséquences très graves sur l'humanité. D'ailleurs, il est amusant de constater que Tenka Taihei, dans sa période moustachue (cf la couverture) ressemble à un ancien dictateur allemand, adepte également de l'eugénisme, mais la différence est que ce personnage se fait embobiner du début à la fin, en acceptant d'être le président d'un pays à son nom, en échange de son sperme !

On savait Tezuka capable de parler des sujets les plus sérieux à travers le prisme du dessin, mais ce qui choque un tantinet à l'ouverture du livre, c'est justement ... le dessin ! On a l'impression que l'auteur a épuré son dessin à l'extrême, très peu de décors, les personnages sont souvent de petite taille. L'inspiration viendrait du dessin de journalisme ; vu d'ici, ça ressemble à du Plantu ou du Sempé. J'avoue que ce parti-pris graphique a de quoi surprendre au départ, mais il est comme un adoucissant à des propos souvent très durs.

Une fois encore, le sexe y a une grande place, mais il est souvent tourné de manière humoristique ; ainsi, Tenka Taihei aura souvent un doute si la personne avec qui il couche sera un asexué (donc un de ses nombreux enfants), et cette fameuse machine à traire son fluide corporel donne l'impression d'une machine à gaz où il y rentre entièrement.

La suite de l'histoire (plus de 400 pages) va de plus en plus vers une tragédie, mais il est une fois très intéressant de voir cette branche contestataire chez un humaniste tel que Tezuka.
Boubakar
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le 3 mai 2014

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