Dérives
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Dérives

BD franco-belge de Michel-Yves Schmitt (2005)

Les premières pages de cette BD sont un plaisir absolu tant du point de vue du dessin d'une simplicité et d'une efficacité remarquable, que de l'écriture acerbe et cynique. On se dit que ça y est, nous voilà en face d'un dessinateur plein d'autodérision sur le petit milieu artistico-gaucho-snob. On rigole même franchement pendant un certain nombre de pages, notamment quand, sur un ton piquant le héros évoque cette soirée mondaine remplie de bobos qui se prétendent tous plus artistes ou de gauche les uns que les autres. Avec cette blague merveilleuse de celui qui, pour épater ses copains, fait entendre, ravi, sa sonnerie de téléphone : l'internationale. Le ton est donné et le héros râle sur tout mais de manière tout à fait pertinente. Un côté presque camusien dans la lecture absurde du monde qui l'entoure.


Et puis progressivement ce qui semblait être des errances amoureuses désabusées pour un personnage incapable de la moindre gentillesse avec ses pairs ou dans ses couples devient le cœur de l'ouvrage, servie sous une sauce pseudo-freudienne, avec une histoire de belle-mère un peu louche pas très crédible et un père forcément ultra-œdipien. L'auteur ne s'en cache même pas. Cependant, quel dommage ! Pourquoi tomber dans cet écueil qui donne à la fois un sentiment de déjà-vu et de facilité ? Les dérives du titre ne font que nous ramener progressivement vers une morale bien normée avec cet épilogue qui achève de nous plonger dans une grande déception. Pourquoi tant de basse normalité en conclusion là où la première moitié du livre nous avait préparé avec une grande joie à suivre la dérive de ce solitaire aigri mais diablement pertinent ?! La déception est grande tant l'attente l'était elle-aussi sans doute. Cela nous apprendra à espérer, tiens !. Une conclusion somme toute camusienne et désillusionnée pour un ouvrage qui mériterait sans doute une meilleure note.

TomLedbetter
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le 18 févr. 2016

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