La Chute

Il faut reconnaitre un truc aux auteurs: les deux premiers tomes sont supers. Ils offrent un aperçu clair et bien documenté du fameux MONDE DE LA FINANCE, de Hong Kong à New York. Le ton est cynique, les machinations sont crédibles, l'état d'esprit des parties prenantes de ce monde est fidèlement représenté. C'est un plaisir sans borne de voir le personnage principal, Franck Carvale, petit courtier sans envergure, se faire avoir en beauté par son Pygmalion. La seule morale est: quand on joue contre la banque, on perd. On se délectera de le voir s'élever avec ses magouilles plus ou moins avouables, et on appréciera sa chute finale prévisible, mais oh combien satisfaisante.

Mais, voila, vient le troisième tome. Les auteurs ont cédé leurs stylos-scalpels contre des stylos-guimauve. Franck devient un mec bien (alors qu'il est fondamentalement un connard), supérieurement intelligent (alors que sa qualité première était d'être un homme de paille convenable), et on ramène une ancienne copine à lui pour qu'ils s'attaquent à l'hydre capitaliste. On apprendra donc que les politiques américains sont tout plein de bonne volonté à condition qu'on leur explique que leurs potes riches sont de fiéffés margoulins (sic), et que la justice américaine se laissera convaincre par deux ou trois preuves obtenues en deuspi, et qu'un gérant de fond récupère automatiquement son poste après un séjour en cabane. C'est beau.

Le reste de la série ne sait pas où elle va. Le potentiel des personnages ayant été irrémédiablement détruits, les auteurs vivotent et essayent de faire un roman d’espionnage peu convaincant, avant de finir par une histoire de vengeance qui prête à sourire tellement elle sonne forcée et cliché.

Bref, arrêtez vous au tome 2.