Doomsday Clock
7.2
Doomsday Clock

Comics de Geoff Johns et Gary Frank (2017)

Quoi qu’en pensent les autres, Watchmen a été pour moi une œuvre culte et fondatrice dans ma passion, mon amour pour les comics. C’est toujours un plaisir non dissimulé de replonger dans cette œuvre magnifique. Alan Moore et Dave Gibbons ont littéralement révolutionné le petit monde des comics avec Watchmen. Lorsque Doomsday Clock a été annoncé, beaucoup de gens ont critiqué l’idée d’une suite à Watchmen. Une fois les épisodes publiés, les gens ont critiqué d’avoir fait une suite à Watchmen. Bien entendu, beaucoup ont critiqué pour le plaisir de critiquer, et parce que, franchement, c’est beaucoup plus intéressant de faire du bruit en expliquant que c’est nul et en crachant dessus, plutôt que d’être un peu objectif. Personnellement, c’était clairement l’un des titres que j’attendais le plus !


1985, sur une autre Terre : afin de sauver son monde d’une apocalypse nucléaire, le justicier Ozymandias élabore une machination qui unir les peuples contre une menace extraterrestre fictive. 1992 : ce complot ayant été dévoilé, la révolte gronde et le monde se retrouve à nouveau au bord du chaos. Ozymandias n’a plus qu’une solution : retrouver le Docteur Manhattan, surhomme aux pouvoirs quasi divins qui a quitté la Terre des années auparavant, et peut-être même l’univers.
Doomsday Clock rassemble dans un seul album la saga qui lève le voile sur le mystère de DC Univers Rebirth et sur les modifications apportées par le Docteur Manhattan à l’histoire de ses héros. Geoff Johns (Green Lantern, Justice League) y retrouve son compère de longue date Gary Frank (Batman Terre-Un, Shazam) et signe ici la première rencontre entre la Ligue de Justice et les personnages du mythique Watchmen d’Alan Moore et Dave Gibbons, dans ce qui s’inscrit comme une suite inattendue à ce chef-d’oeuvre de la bande dessinée !
(Contient les épisodes de Doomsday Clock #1 à 12)


Nous allons commencer tout de suite avec une petite mise au point. Je ne vais pas m’amuser à comparer les deux œuvres. Ce ne sont pas les mêmes époques, pas les mêmes scénaristes, pas les mêmes contextes. Il serait complètement stupide d’aborder cette review en expliquant que Alan Moore c’est mieux que Geoff Johns, ou inversement. Oui j’adore Watchmen, c’est une œuvre culte, c’est indéniable, mais ce n’est pas pour autant que je ne pourrais, je ne peux apprécier Doomsday Clock.


Cela étant dit, abordons maintenant, la dite review.


Bien entendu, avant de vous plonger dans Doomsday Clock, la lecture de Watchmen est fortement recommandé, si ce n’est pas déjà le cas. De toute façon, c’est une œuvre qu’il faut avoir lu. D’autant que Doomsday Clock reprend quasiment tous les éléments qui faisaient Watchmen. Le chaos politique, l’omniprésence des médias (les journaux papier ayant laissé place à la télévision), l’importance du temps, le questionnement sur l’Humanité et bien entendu, les fameuses planches en gaufrier comme Dave Gibbons.


On sent tout de suite, et très clairement, l’envie du dessinateur, et de Geoff Johns de rendre un comics le plus fidèle possible à l’univers si riche et fascinant imaginé il y trente cinq ans par Alan Moore et Dave Gibbons. On y retrouve la majeure partie des personnages du récit originel, à quelques exceptions prêt.


On retrouve Ozymandias et un nouveau Rorschach, forcément, qui partent à la recherche du Docteur Manhattan. Ce dernier a disparu à la fin de Watchmen. Mais maintenant que le plan, foireux, d’Ozymandias est révélé au grand jour, le monde est sous le coup d’un chaos peut-être encore plus désastreux qu’en 1985. Pour remédier à cela Ozymandias doit mettre la main sur le Docteur Manhattan. Malheureusement, ce dernier ne se trouve plus sur Terre, d’ailleurs il ne se trouve plus dans cette dimension !


Mais cela, on s’en doute un petit peu depuis les débuts de DC Rebirth. Avec Doomsday Clock nous avons enfin la rencontre tant attendu entre l’univers DC et l’univers de Watchmen. En effet, Ozymandias et Rorschach, accompagnés de deux criminels de leur Terre, se rendent sur la Terre principale de l’univers DC pour retrouver le Docteur Manhattan.


Le récit s’emballe alors. On alterne entre scènes d’action, et il y en a d’excellentes (à commencer par le Comédien qui se rend à une réunion de tous les super-vilains de l’univers DC. Une rencontre épique et qui risque de les marquer pour très longtemps), de longs dialogues (apportant énormément d’informations) et bien entendu le côté enquête, que ce soit du côté d’Ozymandias ou de Batman (nous apportant enfin les précieuses explications sur les dernières années).


Oui, il n’y a pas que les personnages de Watchmen dans ce récit, nous sommes sur la Terre où se trouve nos héros préférés, et leurs ennemis ! Batman, Flash (qui ont déjà tant enquêté sur les « supposés » actes du Docteur Manhattan et tout ce qui ne va pas dans notre dimension), le Joker (absolument jouissif de folie) et tant d’autres, qui ne servent, pour beaucoup, que de plantes vertes. Mais un personnage se démarque de tous les autres, prenant autant, si ce n’est plus d’importance que le Docteur Manhattan, Superman !


Parce que beaucoup de personnes n’ont pas aimé Doomsday Clock parce qu’il « cassait » ce que représentait Watchmen. Personnellement, oui, c’est une suite, dissimulée ou non, mais ce n’est pas une suite pour une suite. C’est une suite pour rendre hommage au titre d’Alan Moore, mais aussi pour nous expliquer le DC Rebirth et surtout, surtout, il s’agit d’une déclaration d’amour à Superman !


On sait que Geoff Johns aime ce personnage, et à juste titre. Mais à travers cette enquête, Superman efface tous les autres personnages, même Batman, pour devenir LE Héros. Et pas seulement de celui de ce récit, mais de l’univers DC Comics tout entier. Il est la pierre angulaire de tout l’univers, tous les autres personnages découlent de lui et des différentes versions de lui à travers le multivers. Le multivers découle, lui aussi de Superman ! Et j’adore l’idée ! Cela va totalement à l’encontre de l’engouement de ces dernières années, où les lecteurs ne jurent que par Batman. Le patron, c’est Superman et c’est tout !


J’ai tout simplement adoré cette rencontre de deux univers ! J’ai adoré cette déclaration d’amour à Superman ! J’ai adoré les explications apportées au pourquoi du DC Rebirth, des New52 ! J’ai adoré le retour de personnages, d’équipes, tristement oubliés, promettant de formidables choses pour la suite ! J’ai adoré retrouver l’univers de Watchmen ! J’ai adoré avoir été embarqué comme un gosse par le récit de Geoff Johns et les dessins de Gary Frank ! C’est un peu l’essentiel lorsqu’on lit un comics.


Un petit mot sur les dessins de Gary Frank. C’est un artiste monstrueux ! Il nous propose un travail extraordinaire, d’une telle richesse, d’une telle justesse, d’une telle beauté. Il ne souffre d’aucune comparaison avec Dave Gibbons, en offrant à son récit une qualité graphique extraordinaire, à l’image de son illustre prédécesseur. Le tout sous forme de magnifique hommage, avec les planches en gaufrier. C’est un sans faute. C’est juste parfait !


Bref, j’ai tout simplement adoré. Il faut savoir, par moment, se satisfaire de ce que l’on nous propose sans vouloir à tout prix faire le buzz et critiquer juste pour critiquer. J’étais comme un gosse durant ces presque quatre cent cinquante pages. Le plaisir de retrouver l’ambiance, l’univers de Watchmen. Le plaisir de voir Superman ainsi mis en avant. Le plaisir de pouvoir savourer de tels dessins. Le plaisir tout simplement. C’est juste essentiel comme sentiment, lorsqu’on lit une œuvre, regardons une film, ce que l’on recherche tous c’est de ressentir du plaisir !

Romain_Bouvet
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le 28 août 2021

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