Escoffier , un artiste de la Belle époque .
Un vrai plaisir que la lecture de cette BD de Rutile pour le texte et Charve et Comtois pour le dessin et les couleurs .
Elle nous présente le parcours d'un homme né sous Napoléon III et mort peu avant la Seconde Guerre mondiale à l'époque des fast ou des slow food , de la junk food de la rentabilité , des pesticides , des métaux lourds et des scandales alimentaires .
Un artiste pour la générosité , de celui qui fut un philanthrope , faisant distribuer le bons restes de ses repas aux Petites Soeurs des Pauvres par exemple , un humaniste bienveillant avec ses subordonnés mais artiste tout autant car créateurs de nombreuses recettes dont la célèbre pèche Melba , la Truite en Belle vue ou les noisettes d'agneau Cora ce qui là encore , comme en musique permet de faire la différence entre un interprète et un simple exécutant .
Une cuisine fine et savoureuse , substantielle sans être lourde .
Mais il fut tout autant chef d'orchestre en organisant , sans doute influencé par son passage dans l'armée , des brigades de cuisine , version humanisée de la division du travail , en employant dans ses cuisines jusqu'à soixante personnes presque au moment où Clémenceau créait lui ses Brigades du Tigre .
Il fut aussi international , passant du Savoy à Londres au Ritz à Paris ou à Monte Carlo .
Il enthousiasma aussi bien Zola exilé à Londres que Proust à Paris .
Mais il incarne aussi cet optimisme à la française et cette sensualité de la Belle Epoque et fut un précurseur , puisque en 2017 pour la première fois la gastronomie d'un pays , la France fut reconnue au patrimoine mondial de l'humanité .
On peut apprécier aussi une BD de cent vingt pages , avec des recettes en plus et un dossier documentaire bien fait à la fin .