Les derniers jours de Charles de Foucauld, le frère universel

1916, prématurément vieilli par les privations – il n’a que 58 ans, au même moment, son camarade de promotion, Pétain, « sauve » la France – le père Charles de Foucauld peine à se déplacer. Alors que les tribus s’agitent et que les autorités redoutent un embrasement général, il refuse catégoriquement de quitter son ermitage de Tamanrasset pour se placer sous la protection de l’armée.


Foucauld est un illustre inconnu. Si l’ermite ascétique jouit chez les catholiques d’une réelle célébrité, qui sait qu’il fut, tour à tour, un riche héritier noceur, un officier débonnaire, un explorateur audacieux, un converti radical, un trappiste ardéchois, un ermite au désert, un traducteur émérite, puis, l’ami des juifs et des musulmans, le frère universel...


Dans sa préface, Jean Dufaux alerte le lecteur, il ne propose pas une biographie, plus ou moins hagiographique, mais se polarise sur les derniers jours de Foucault. Comme s’il pressentait sa fin proche, Charles tente de transmettre sa raison de vivre aussi bien à ses amis, qu’à ses ennemis, en témoignant de l’amour de Dieu et de cette mystérieuse fraternité qui le lie à tous les hommes. Le message séduit Kaocen, le chef rebelle, touareg et nationaliste, mais insupporte l’islamiste intransigeant Ghebelli qui a juré sa perte. Les deux personnages sont des créations de Dufaux probablement plus conformes à l’islam contemporain, celui des moines de Tibhirine, qu’à celui de Foucauld.


De fait, les circonstances de sa mort n’ont pas été éclaircies. Il semble avoir été tué par un gamin qui, préposé à sa garde par des pillards, a été effrayé par l’arrivée de soldats français. Lors de sa béatification en 2005, il n’a pas été déclaré martyr (ce qui serait le cas s’il avait été tué en haine du catholicisme), mais honoré pour l’exemplarité de sa vie religieuse.


Le sobre dessin de Martin Jamar est d’une étonnante douceur. Vous apprécierez la délicatesse des couleurs, des visages et des attitudes, alors qu’il s’attarde sur des guerriers, souvent haineux. Cette légèreté convient bien à la vie de cet ancien soldat, apaisé et apaisant. Salam Charles...

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le 18 sept. 2019

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Step de Boisse

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