Cet album de Giacomo Nanni est en fait l'adaptation du roman "Histoire de ma fuite des prisons de la République de Venise qu'on appelle les Plombs" de Giacomo Casanova. Un titre assez explicite qui donne à peu près l'idée de l'intrigue que l'on va suivre dans cette histoire.

Je n'ai pas lu le roman originel, je suis donc incapable de dire si la qualité scénaristique de cet album est dû à la plume de Casanova fidèlement reproduite dans les bulles et les blocs narratifs de l'album ou si Nanni a fait un découpage particulièrement brillant du texte original et à réussi à l'agencer de manière dynamique. Je pense que c'est un peu les deux. L'histoire contient en elle-même d'incroyables qualités, et la mise en bande-dessinée permet de mieux visualiser ce qui est dit, et de moderniser, de rendre plus accessible, de donner plus de rythme ce texte datant du XVIIIe siècle.

Le scénario est vraiment la qualité première de cet album puisqu'on nous propose à la fois un récit documentaire sur les conditions d'emprisonnements de l'époque à Venise, notamment des nobles, ce qui est vraiment enrichissant, et on a en même temps un véritable récit d'évasion de prison riche en rebondissements et qui profite d'une galerie de personnages réduite mais travaillée. Suivre cette étape de la vie de Casanova, même si on ne le connaît pas outre mesure, se révèle assez passionnant et intéressant. C'est vraiment génial de voir tous les stratagèmes et les ruses que met en place Casanova pour se sortir de la prison.

En voulant garder pas mal de passages du texte original, Giacomo Nanni a fourni une BD très verbeuse, mais ce n'est jamais lourd. On a le droit à de sacrés blocs de texte, mais globalement ça reste très fluide, et le texte original a les qualités évidentes pour que le lecteur ne se lasse pas de sa lecture.

Mais l'une des particularités de l'album est vraiment le dessin de Nanni qui est assez inhabituel. C'est un dessin très simple, un peu grossier, avec des personnages tous clairement différenciés quitte à avoir des tronches totalement improbables (surtout ce type avec le nez le plus dingue que j'ai jamais vu à la fin de l'album !) sur lequel il use et abuse de trames faites de croisillons noirs sur blancs ou blancs sur noirs ou de traits parallèles plus ou moins serrés. Ça donne un rendu assez particulier des niveaux de gris, rappelant un peu les gravures de l'époque. Il faut un petit temps d'adaptation et ça donne parfois des visuels très bizarres et des décors assez peu lisibles, mais je salue tout de même cette originalité graphique. En plus, il faut bien avouer que le dessin et l'utilisation de ces trames s'affine tout au long des 140 pages de l'album, et le dessin reste globalement tout à fait efficace et compréhensible. C'est de toute façon couplé à une mise en page vraiment étudiée qui rend la lecture toujours très fluide.

Au final, même si c'est déroutant graphiquement, c'est vraiment un album agréable à lire, à l'ambiance singulière, intéressant et prenant. Je ne sais pas si la transposition graphique rajoute vraiment quelque chose, peut-être que l'on peut tout aussi bien lire le livre, mais dans tous les cas, cet album reste très bon et dispose de qualités indéniables.
arnonaud
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le 14 sept. 2014

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