Justice League : Crise d'Identité par Cinemaniaque

Jugé comme pierre angulaire de la redéfinition de l'univers DC (ce qui arrive tous les cinq ans j'ai l'impression), Identity Crisis est moins impressionnant qu'un Crisis on Infinite Earths mais il m'est néanmoins fort sympathique en ce qu'il tente, avec un certain brio selon moi, à redéfinir non pas des univers mais bien des personnages tout entier.


Certes, Brad Meltzer n'est pas Alan Moore, et son scénario si habilement construit soit-il contient quelques erreurs notamment au niveau de l'intrigue poliicère (qui, soi-dit en passant, reste très agréable à suivre). Non, ce qui est intéressant, c'est que Identity Crisis lorgne du côté de Watchmen en y additionnant le passé populaire encombrant des personnages qu'il dépeint. L'oeuvre de Moore pouvait se permettre une réflexion sur le statut de superhéros car aucun n'avait autant d'impact dans la culture populaire qu'un Flash, Superman, Batman ou même Green Arrow. En jouant des codes préétablis, Meltzer donne à voir un côté très obscur de certains d'entre eux, finalement beaucoup trop humains par certains aspects. C'est peut-être au final la grande force de DC par rapport à Marvel, cette capacité à creuser profondément les aspects sombres de leurs personnages, quitte à en faire de belles ordures.


Identity Crisis est fort car il soulève de nombreuses questions morales : peut-on juger les personnages, si on n'est pas sûr soi-même de savoir comment on aurait réagi à leurs places ? La peur distillée ici est peut-être la plus terrible car elle dépasse le fantastique pour s'ancrer dans une réalité trop banale, et nos héros de devenir nos semblables. Rags Morales l'a d'ailleurs très bien compris, dessinant chaque héros de près, pris par le doute, rongé par le remord ou assoiffé de vengeance. Surtout, Morales dessine certaines planches, principalement les morts, qui resteront dans les annales,


notamment le désespoir d'Extensiman découvrant le corps carbonisé de sa femme Sue ou encore le regard effrayé de Tim aux côtés du cadavre de son père.


Jamais émotion n'aura été aussi palpable en un dessin unique, côtoyant les morts les plus célèbres des comics, de Barry Allen à Jason Todd.


Noir, brutal, mais aussi terriblement beau dans son encrage et dans l'humanité qui s'en dégage, Identity Crisis est un monument.

Cinemaniaque
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le 11 juin 2016

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