Imbattable, mais pas à l'épreuve de la critique...

Narration très très originale, chapeau à Pascal Jousselin pour cette très belle inspiration... Certains ont du y penser de manière ponctuelle, fallait sans doute oser, et grand bien lui en a fait. Mais l'audace seule ne saurait être récompensée et il me semble qu'il y a quand même pas mal de faiblesses dans cet album.
Les adeptes de la ligne claire s'y retrouveront sans doute, mais indépendamment des spécificités de cette esthétique, ça manque vraiment de détail pour moi... Beaucoup trop épuré, ça frise parfois le simpliste. Je n'arrive pas à mettre véritablement de mot sur ce qui me dérange, mais il y a vraiment un truc qui ne passe pas. Peut-être qu'on ressent trop le fait que l'album soit composite, les histoires provenant des publications hebdomadaires du magazine Spirou ?
Ensuite, vouloir faire tout un album, voire une série, sur le sujet... J'attends de voir... D'autant que certaines choses ne fonctionnent pas forcément dans ce premier opus et que l'auteur fait parfois passer son concept au pied de biche ou à l'enduit comme avec le morceau de page que le savant fou fait disparaître (les raccords sont franchement douteux, quand bien même l'idée est top), mais aussi avec la première apparition du Plaisantin qui aurait du se montrer à la page d'avant du coup.
Les quelques caricatures (maire véreux, ou femme d'affaire carnassière) manquent eux aussi foncièrement de finesse, que ce soit dans l'écriture ou le dessin, au point qu'on a quasiment la sensation que Jousselin a peiné à accoucher de certaines histoire (tableau grotesque de la femme d'affaire qui fume son cigare au bord de la piscine entouré de 2 gardes du corps et du poussin géant). J'ai eu parfois la sensation d'avoir affaire à un repreneur peu scrupuleux de Boule et Bill ou de l'Agent 212... Il ne s'agit pas de se prendre trop au sérieux, mais un minimum quand même.
C'est donc souvent assez, et même parfois franchement, virtuose, mais la copie n'est vraiment pas parfaite, notamment sur l'idée (très) originale de ce concept, dont on aurait pu légitimement attendre de l'auteur qu'il verrouille son album au minimum de ce côté là.