Une seconde aventure sous forme de préquel pour Asphodèle, cinq ans avant l'épisode précédent avec un potentat un poil plus clair et des personnages un peu mieux définis. Sur la piste d'anges déchus, les auteurs mêlent 


mythes, religion et mysticisme



pour amener leur héroïne à combattre de nouveaux démons quand son éditeur de fiancé perd pied avec la réalité. Il y a de l'idée, de l'envie, il y a encore malheureusement quelques lacunes trop perturbantes pour fasciner, trop peu de conviction pour que le sort envoûte.


Si les personnages principaux nous entraînent un peu mieux dans l'aventure avec des enjeux autrement plus profonds et une empathie mieux amenée, le rythme reste toujours incertain et les personnages secondaires font malheureusement trop partie des décors pour correctement moduler les émotions et les intentions. Éric Corbeyran se fait certainement plaisir à développer là son univers des Stryges, mais le résultat manque cruellement de profondeur, se contentant d'aligner les éléments du genre sans réellement tisser sa narration : des séquences déliées, qui certes se font échos mais dont la fluidité se heurte à de trop nombreux raccourcis en se nourrissant de trop de clichés. Encore une fois, il y a probablement là toute la matière nécessaire à un court roman d'angoisse – si l'auteur daignait prendre la peine de développer – mais sous cette forme, tailladée, on frise le 


survol fantomatique.



Djillali Defali continue sur le papier de faire le boulot, minutieusement et avec application, mais ne trouve toujours pas l'espace d'imposer un style, comme submergé par la ligne et maladroit dans le mouvement. Décors souvent – trop – splendides et personnages parfois maladroit dans l'expressivité dénotent. Les aplats numériques dont se repaît Pierre Schelle viennent gâcher le plaisir du dessin sous une vivacité et un contraste qui écrasent toute tentative de relief. 


Bande-dessinée lisse pour papier glacé.



Si l'on sent qu'on s'approche par moments de l'intime de l'héroïne, le principal problème de la série subsiste ici : l'absence de corps tangible des personnages, la construction elliptique en clichés d'évidences, et l'artifice d'une colorisation qui cherche 


la modernité au détriment de la finesse.



Narration survolée, seule l'évocation des anges déchus apporte un semblant de mystère et d'intérêt à l'ouvrage. Et pousse à compléter la lecture d'une série déjà bien décevante d'évidences évidées sous la facilité des clichés accumulés.

Créée

le 30 août 2018

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