Depuis le temps que j'ai acheté ce bouquin, il était temps que je le lise. C'est parce que je l'ai chopé en anglais que j'ai mis un peu de temps et aussi parce que Scott McCloud s'est inspiré des bouquins théoriques de Eisner pour faire les siens. Mais bon fallait quand même que je m'y mette un jour, j'ai chopé les deux autres numéros aussi sur le net, je m'y mettrai donc prochainement (faut que je les retrouve déjà).


Très intéressant pour quiconque s'intéresse aux rouages de ce médium magnifique qu'est la bande dessinée. Eisner explique plein de choses très simplement et atteint son objectif : transmettre son savoir. Ben oui, on en sort plus érudit de cette lecture. Mais pas autant que devant "L'art invisible". Le problème, c'est que Eisner parle de la BD en général au travers de SON art, de SA façon de faire. Il montre quelques exemples d'autres auteurs, mais ce n'est pas assez pour rendre universel son propos. Du coup il s'agit plus d'un point de vue, d'une explication sur comment Will Eisner voit la bande dessinée plutôt que comme une analyse générale. On peut d'ailleurs ne pas être d'accord sur tout. C'est le cas aussi avec "L'art invisible", mais McCloud me paraît un peu plus légitime car il trouve davantage d'exemples chez d'autres auteurs. Alors qu'ici on ne fait qu'analyser des pages de "The Spirit". Mais c'est intéressant. Mais ça part dans tous les sens. Il manque une structure plus cohérente, plus logique à cette suite de chapitres : on est en droit de se demander pourquoi l'auteur aborde telle ou telle chose et pas une autre. Cela paraît comme choisi au hasard.


De plus, tous les ajouts concernant la BD numérique passe moins bien. On sent l'auteur exalté par ce que cette nouvelle ère peut amener au médium, mais l'analyse n'est pas assez poussée et apparaît parfois un peu naïve. par exemple tout ce qui touche à l'impression ou au scan des planches, c'est bien joli, mais ça ne va vraiment pas très loin. Ou alors l'auteur va nous parler des techniques d'impressions mais complètement zapper le scan qui est tout aussi important. En fait, j'ai l'impression qu'on aurait pu faire un volume entier sur le numérique et les techniques d'impressions et de scan, c'est donc dommage d'avoir réduit ce sujet à si peu : cela apparaît comme incomplet. Ceci étant dit, cette impression que c'est incomplet parcourt tout le bouquin, on sent que l'auteur pourrait aller plus loin. Par exemple pour ce qui est du langage corporel et de l'expressivité des personnages, il est dommage que le parallèle avec le théâtre ne soit pas plus poussé.


S'il est dommage de n'avoir que des pages de Eisner à analyser, il faut tout de même bien avouer que c'est très agréable à lire : ces pages de BD, ou ces quelques illustrations théoriques, amènent une véritable respiration. Non pas que ça soit compliqué ou dense, mais ça fait du bien malgré tout. Et en plus les histoires sont assez amusantes à lire. Eisner est vraiment un as. Je ne suis pas convaincu par tous ses choix, mais le bougre est vraiment doué, il suffit de lire son adaptation d'un monologue de Hamlet.


Le graphisme est bien sûr assez sympa, c'est du Eisner et il gère à merveille les noirs et blancs. La mise en page est agréable : jamais la lecture n'est pénible parce que l'air circule bien entre les paragraphes. Le choix de couleurs (rouge pour les annotations) amène du rythme dans la page, ce qui est bien. Le texte en soi est très simple, Eisner n'essaie pas de bien écrire, il veut juste que sa théorie soit accessible et il y arrive par des constructions simples permettant d'aller à l'essentiel.


Bref, ce bouquin est fort sympathique mais un peu trop nombriliste. En même temps, il me semble qu'il n'y avait pas beaucoup d'autres bouquins théoriques consacrés à la BD avant que Eisner ne s'y mette. Mais bon, des parallèles auraient pu être effectués avec d'autres formes d'art. Donc ça manque quand même de références.

Fatpooper
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le 16 mai 2017

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