Poussah ! Gros nougat ! Doux gaga !
Franquin est un petit malin, il a compris ceci avant tout le monde : ce qui donne de l’épaisseur aux aventures d’un héros de BD comme Sirou, c’est de retrouver d’un album à l’autre les mêmes éléments, détournés ou réutilisés pour lancer une nouvelle intrigue. Franquin s’était déjà attelé à la tâche avec deux albums autour du Marsupilami, qui avaient également vu la réapparition du Comte de Champignac.
Cette fois-ci, c’est la firme Turbot qui est de retour, avec ses deux pilotes Martin et Roulebille. Le Fantacoptère inventé par Fantasio est lui aussi de la partie.
Et pour préparer les aventures suivantes, Franquin insère à nouveau des éléments qui deviendront des classiques de l’univers de Spirou : la Turbotraction Rhino I bien sûr, mais aussi et surtout Seccotine, une jeune journaliste retorse qui deviendra la bête noire de Fantasio ... et au passage, l’un des premiers héros féministes de la BD franco-belge (on n’est qu’en 1955 !).
L’album n’est pas parfait, le scénario souffre de plusieurs coups de mou, et ressemble parfois davantage à une série d’aventurettes indépendantes, reliées tant bien que mal par des rustines narratives...
... mais cette intrigue un peu décousue est servie par un graphisme parfait (pas de doute, on est chez Franquin !) et elle voit apparaître quelques personnages géniaux : le flegmatique commissaire à la pipe, le roi des Wakukus et sa manie de couper des têtes, sans oublier le marchand de brousse complètement alcoolique.
C’est aussi l’occasion d’une des scènes les plus délirantes de la série sous Franquin : Spip tacle un éléphant, rien que ça !
Pas le meilleur des Spirou de Franquin, mais un album qui s’inscrit dans la continuité de la série, sans jurer avec le reste.