(Re)commencement
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le 10 juin 2012
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Parmi les récits récents de Batman, il y a ceux de Scott Snyder qui font parler d'eux, et La cour des hiboux en fait partie. J'en ai entendu du bien en diverses occasions, et Snyder a apporté quelques bouleversements dans l'univers de Batman dont j'ai eu pas mal d'échos, notamment avec ce fameux nouveau "look" du Joker, que j'ai vu pas mal de cosplayers adopter.
Concernant La cour des hiboux, j'ai aussi vu quelques personnes arborer les mêmes masques d'hiboux en convention...
Ca faisait un moment que j'avais laissé Batman de côté, mais quelqu'un a eu la bonne idée de m'offrir la partie 1 du récit de La cour des hiboux (la seconde étant La nuit des hiboux).
Dans cette histoire déjà, ça se voit que Snyder n’a pas peur de bousculer un peu ce qui a déjà été établi, en tout cas il n’a pas peur des nouveaux ajouts radicaux. Il invente de nouveaux lieux à Gotham, il invente une chronique régulière de la gazette de Gotham, … A chaque fois, c’est pour lancer une réflexion de Batman, à mettre en parallèle avec l’histoire en cours.
Pour la chronique, il s’agit d’un article qui décrit Gotham en quelques mots, et le héros masqué réagit par rapport à chaque mot, donnant son propre point de vue sur sa ville.
Il y a pas mal de petites idées du genre, attestant d’une volonté de l’auteur d’apporter quelque chose de nouveau ; une tâche qui n’est pas aisée, tandis que la série ressasse toujours les mêmes thèmes, les mêmes histoires issues du passé.
Wayne parle encore, inévitablement, de ses parents, lors d’un discours où il évoque encore des projets d’avenir pour Gotham, alors que la ville est toujours aussi corrompue et délabrée qu’avant.
J’ai encore l’impression que c’est tellement vain, que le personnage se démène pour en rester au même point. Evidemment, ce n’est pas un reproche que je fais à ce récit, mais au fait qu’il s’agisse d’une franchise qui doit avoir des éléments invariables pour continuer à exister. Mais du coup, qu’on ne nous donne pas l’illusion que les choses vont changer d’une façon ou d’une autre.
Pour soutenir cette impression de tourner en rond, on nous répète même qui sont les personnages. Bon, c’est intégré de façon "justifiée", puisque Batman porte un gadget qui identifie tout le monde automatiquement… mais pourquoi en aurait-il besoin lors d’une réception chez lui ? On a l’occasion d’y croiser les 3 Robin différents en même temps, je trouvais ça intéressant, mais on n’en fait rien par la suite, et il n’y a que Nightwing qui a son importance, tandis que les deux autres n’auront aucune réplique par la suite.
Scott Snyder invente également une comptine que connaissent tous les enfants de la ville, une comptine sur La cour des hiboux. Une organisation cachée qui serait implantée dans la cité depuis des siècles, et qui ne se manifeste que maintenant. Là encore, l’auteur fait, à travers les pensées de Batman, des liens intéressants entre ces adversaires et les véritables hiboux, des prédateurs pour les chauves-souris (il modifie même la genèse de Batman : la chauve-souris passée par la fenêtre de Bruce Wayne… s’est fait dévorée par un hibou).
On voit que l’auteur est bien documenté, faisant appel à des données ornithologiques et des faits historiques (l’obole en électrum) pour servir son histoire.
Par contre, je trouve qu’il y a trop d’incohérences.
Lors de la première enquête menée par Batman dans cette histoire, il y a pas mal de lacunes dans la réflexion du héros. Il trouve un message de menace envers Bruce Wayne, dans la demeure d’un défunt. Il est convaincu que c’est la victime qui l’a rédigé avant d’être tué, mais pourquoi penser directement que c’est lui ? Et pourquoi est-ce que Batman suppose que la victime savait qu’elle allait être tuée ? Il sort ces suppositions sans rien pour les appuyer, même si, évidemment, ce qu’il imagine s’avère être vrai.
Il se passe également beaucoup de choses impossibles en terme de physique, ou simplement pas claires. Snyder abuse un peu trop des libertés permises par les comics, en pensant que ça va passer inaperçu.
Dans la tour Wayne, des cadavres tombent d’un ascenseur qui vient de s’ouvrir, mais le tueur se trouve de suite de l’autre côté, derrière Bruce, sans qu’on sache comment il est arrivé là.
Peu après, Wayne chute de la tour sur le dos, et atterrit sur ses pieds sur une gargouille dissimulée, alors même qu’il disait juste avant que la douleur le paralysait.
Batman saute en moto sur un train, depuis les rails, sans aucun tremplin…
Sans compter toutes les fois où Batman survit à des explosions en plein dans sa gueule, ou se bat avec le bide transpercé… Et à chaque fois qu’on insiste pour qu’il se repose ou qu’on le guérisse, il refuse. Je veux bien qu’il soit plus fort que la plupart des humains, mais tout de même !
Je trouve aussi que Scott Snyder abuse des gadgets, c’est un signe de paresse de sa part selon moi, dès que Batman a besoin de quelque chose, hop, il y a un gadget fait pour, placé quelque part sur son costume.
Certains accordent peut-être à La cour des hiboux que c’est un comic de Batman sombre, où on voit la volonté du héros être brisée. Il y a beau y avoir quelques petites innovations par rapport à ça (les hallucinations trash de Batman, l’appareil photo, les dessins à l’envers), ça m’évoque beaucoup The cult.
Lisez The cult ; il serait temps que Panini ou Urban comics le réédite, car c’est une histoire qui mériterait plus sa place dans le top SensCritique des histoires de Batman que la plupart des comics qui sont désormais facilement accessibles par le grand public parce qu’ils ont été réédités en français.
Il est probable que La cour des hiboux vaille mieux que la plupart des récits de Batman publiés mensuellement, mais pour moi il manque encore quelque chose. Je n’y ai rien vu d’extraordinaire en tout cas.
(ah, à part Batman qui donne un gros coup de poing à Dick, chose totalement injustifiée, puisqu’il s’agit uniquement de lui retirer une dent ; Bruce ne pourra pas se reconvertir en dentiste)
Créée
le 27 avr. 2015
Critique lue 382 fois
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