C'est bien aussi "après", la preuve !

Premier album d'une aventure en 2 volumes, la nuit du spectre met notre trio d'aviateurs aux prises avec la marine chinoise et l'allié japonais ; ces deux rivaux séculaires se disputant la possession des îles Senkaku non loin de Taïwan. Après la disparition d'un avion de patrouille maritime nippon au large des Senkaku, le gouvernement américain dépêche le porte-avions Ronald Reagan (classe Nimitz) sur place pour calmer les tensions entre belligérants. Mais il semblerait qu'une entreprise d'armement privée ait totalement l'intention de provoquer un conflit armé qui pourrait déboucher sur une troisième guerre mondiale... Buck et ses coéquipiers arriveront-ils à déjouer la conspiration ? Suite au prochain épisode...

C'est un nouveau Buck Danny que nous avons là, avec deux auteurs inédits à la réalisation. Au dessin, il n'y a pas grand chose à redire, c'est précis, aéré, enlevé avec des angles de vue parfois audacieux (gros plan du F-22 page 32), ainsi qu'une certaine recherche dans le dynamisme du récit. Que ce soit l'agencement des vignettes (ou cases) ou les mouvements imprimés aux graphismes, on se sent remué, c'est un bon point. De même, les personnages sont bien dessinés et ne se ressemblent pas tous (une des plus grandes faiblesses de Bergèse), les femmes sont même très attirantes. Non, dans cette partie graphique, le seul point en retrait concerne la mise en couleur : on est loin du réalisme coloré de Bergèse, ici nous sommes en face de quelque chose de beaucoup plus atmosphérique, plus dans la recherche d'une ambiance colorée qui vient donner une tonalité sombre à l'album. Qu'on aime ou pas, en tout cas, ça ne nuit pas du tout à l'aventure et à l'ambiance.

De son côté, le scénario n'est pas des plus originaux mais on apprécie énormément sa modernité et son ancrage dans le réel : politique régionale, nationalisme japonais, yakusas, zaïbatsu toute puissante, le tout accompagné de zincs de dernière génération et de gadgets à la James Bond. Et avec toujours cette pointe d'humour bon enfant qui a le mérite de ne pas rendre l'aventure trop sérieuse, pompeuse. Les répliques des héros sont même bien plus crédibles qu'à l’ordinaire dans les Buck Danny. Bref, pour un passage de témoin - ce qui fait toujours peur à ceux qui ont connus "avant" - c'est un coup de maître. J'ai hâte d'avoir le deuxième volume entre les mains !