Pour les muscles de Schtroumpf Costaud

Diantre que cela est mauvais.

Dans le genre titre trompeur, les auteurs ont fait fort : les Schtroumpfettes auraient dû avoir la vedette et finalement ce sont encore les garçons qui font avancer l'histoire. Ce n'est pas une plainte féministe que je fais, mais une plainte de scénario. C'est un peu comme si on vous promettait un village de Terminators et que finalement ils ne servent qu'à décorer le fond, les humains étant toujours les héros. C'est con parce que ce village des filles aurait été l'occasion de recommencer avec un autre point de vue ou bien de partir dans une autre direction toujours en mettant en avant des problèmes de société.

Les personnages sont très faibles : dans le village des fille,s à part Tempête et Saule, toutes les Schtroumpfettes sont pareilles au niveau de la caractérisation. Mais ça va plus loin ; on nous colle Schtroumpf à lunettes, maladroit et costaud (les héros du film, est-ce une question de droit d'auteurs?) et ils ne sont pas plus caractérisés : c'est même horrible de voir un Schtroumpf à lunette aussi insipide, un maladroit qui ne fait que regarder l'action de loin sans jamais y prendre part et surtout sans faire la moindre gaffe.

L'intrigue est mal ficelée aussi ; la querelle principale est traitée superficiellement alors que ça aurait pu être un sujet sympathique. L'apparition de ces nouvelles créatures déçoit également puisqu'ils ne font pas grand chose. Au point qu'on se demande s'ils sont vraiment méchants ? En gros, les schtroumpfs découvre un barrage et décident de tout faire péter parce que ça gêne leur tranquillité à eux ; c'est assez horrible comme discours sur le fond... et ça aurait pu être intéressant parce qu'on reconnaît là l'égoïsme de l'homme, ça aurait pu/dû être traité comme tel, au lieu de ça, les auteurs occultent ce fond et maintiennent que les méchants ce sont les autres, qui n'auront jamais vraiment eu le temps d'être méchants dans les faits.

On trouve aussi de grosses facilités, des résolutions navrantes à des conflits trop rares. Du coup on s'ennuie ferme quand on ne se tape pas carrément la tempe de désolation. L'humour n'est pas très présent non plus. En fait, cette histoire semble avoir été écrite en mode automatique, sans aucun travail sur ce que ça devait être. C'est la meilleure façon de flinguer une nouvelle saga qui aurait pu être sympa.

L'histoire a un petit ton girly (ça parle de jalousie de filles), c'est accompagné par un graphisme très girly qui passe par une palette de couleurs très larges. C'est joli à regarder, c'est sûr, et l'on doit même reconnaître qu'il y a un très gros travail pour parvenir à un tel résultat. Mais c'est aussi un peu trop envahissant : on fait moins attention au dessin, le travail d'encrage perd de sa force, l'action est moins bien portée... on ne voit que ça : des couleurs, des couleurs et des couleurs. Et c'est dommage parce qu'il y a de jolies choses visuellement, des cadrages réussis, des Schtroumpfettes réussies (et pourtant si dures à dessiner). Je suis moins convaincu par les effets d'ombre qui me semblent conçus pour un autre style graphique que le classicisme de base de cette série. Notons également que les monstres ne sont pas terribles au niveau design, même leur panel d'expression faciale est fort limité.

Bref, c'est dommage d'avoir autant bâclé l'intrigue et d'avoir autant mis l'accent sur des couleurs 'pour filles' parce que ça aurait pu être un chouette album.