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Quand on pense à une BD mettant en scène des gamins seuls, sans parents, devant survivre, reconstruire un semblant de société entre eux, on pense à la série pleine de succès de Vehlmann et Gazzotti. Mais voilà que je découvre, par hasard, que d'autres auteurs de BD avaient eu cette idée dans les années 80. Je ne suis pas fan de "Seuls", c'est correct, sans plus ; en revanche j'aime beaucoup "La dernière récré".


L'idée de base est sympa. Au début, j'ai eu un peu de mal avec la raison de la disparition des adultes, c'est un peu gros quand même. Et puis je me suis rendu compte qu'on s'en foutait de la raison, ce qui compte c'est de voir comment ces gosses vont survivre. C'est d'ailleurs un problème avec "Seuls", les auteurs s'engouffrent dans des explications de plus en plus tirées par les cheveux, développant (ou épaississant) toujours plus les mystères plutôt que de vraiment développer les personnages et la situation générale (j'exagère un peu, j'avoue). Ici, les auteurs donnent une explication rapide, comme ça ils sont tranquilles à ce sujet, le lecteur ne se posera plus de questions qui pourraient nuire à l'appréciation des courtes histoires, au développement des personnages, à l'évolution de cette jeune société.


Cette BD m'a fait penser à la série télévisée "Survivors" (1975) mettant en scène des gens tentant de reconstruire leur société après qu'une mystérieuse maladie ait ravagé une bonne partie de la société, prétexte à montrer l'effondrement psychique, le comportement humain en plein crise sociétale. En effet, les auteurs exploitent assez bien l'idée d'avoir des gosses aux commandes : comment vont-ils s'organiser, que vont-ils manger ? Comme dans la série britannique, si on suit quelques personnages principaux, leurs rencontres permet de voir d'autres systèmes. Ce n'est clairement pas assez exploré en un seul tome, mais ça suffit déjà à faire plaisir.


Et puis finalement, si l'explication m'a paru peu rationnelle au début, je me suis dit que c'était une excellente idée arrivé à la fin de ma lecture tant les auteurs exploitent cette idée. Du coup, ça parle de sexualité mais aussi de l'enfance ; on s'imagine toujours que les enfants sont adorables, mais je pense que s'ils étaient livrés à eux-mêmes, ils se comporteraient comme dans ces histoires qui sont ici comptées : de manière ignoble pour la plupart.


Tous les récits ne sont pas de la même qualité, mais ils sont tous plaisants à suivre ; on regrette aussi que certains personnages disparaissent mais ça reste un ton exploité jusqu'à la fin, puisqu'on quitte les gosses sans être sûr que tout ira bien. Et il est bon de savoir que les auteurs n'aient pas tenté d'exploiter le filon comme les deux auteurs franco-belges précédemment cités.


Le graphisme est superbe. Un peu trop de traits au début, ce qui gêne la lecture même si ça ne nuit pas à la lisibilité de l'action. Sur la fin, le dessin est plus juste, les traits plus nécessaires. Mais tout au long de l'album on trouve une belle ambiance graphique, grâce à un noir et blanc bien géré (j'aurais préféré que toutes les histoires se déroulent de nuit quand même) ; ce qui est bien au niveau des masses de noir, c'est que l'auteur n'a pas peur de fondre ses personnages dans l'obscurité, il fait confiance au cerveau humain, ainsi, pas de halo pour décrocher un personnage de la pénombre comme on le voit souvent dans des mangas, comics et même BD européennes (Lanfeust, Bob et Bobette).


Les proportions sont justes, les personnages sont expressifs, les décors sont riches. Le trait est dynamique, le style brut : c'est un dessin bien construit, réaliste, mais on sent l'urgence dans le trait, on sent aussi que l'auteur fait confiance à ses feutres et plumes ; les masses de noir sont appliquées sauvagement, ce n'est pas grave si le pinceau a séché, ça fera quelques effets de matière, rien de perturbant pour al lecture. Les angles de vue sont bien trouvés, c'est parfois très cinématographique, un peu comme le fait Loisel, sauf que l'auteur en abuse moins. Certaines compositions de case sont à tomber, c'est tellement bien équilibré et ce malgré le surnombre d'information de certaines cases. Enfin, la mise en page est très chouette, les auteurs ayant choisis de ne pas remplir systématiquement les pages ; le positionnement des phylactère aussi est bien réfléchi, l'auteur dessinant ainsi un sens de lecture et permettant de profiter du dessin pleinement dans plusieurs planches.


Bref, que voilà un très chouette album.

Fatpooper
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le 21 août 2018

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