Sur la fin de la Première Guerre Mondiale, la jeune Jeanne quitte la Hollande pour Java à la recherche de son enfance, de ses racines, en quête d’une époque où sa mère n’était pas encore Mata Hari. Avec l’envie de fuir l’Europe et de se réfugier dans la simplicité sauvage des colonies. Loin de la frénésie et de l’horreur, retrouver le calme et l’insouciance. Là-bas, de sombres événements l’entourent, à commencer par l’explosion du local douanier où elle est conduite dès son arrivée, et son réveil, intacte, quelques jours plus tard dans un village à plusieurs kilomètres de là. Dès lors la jeune femme a peu de confiance à accorder aux gens, qu’ils soient d’inconnus indonésiens ou ces vieux colons qui la pressent d’attentions. Bientôt, les meurtres de jeunes européennes occupent la police locale sans pour autant que les habitants n’en soient rassurés. Obstinée, Jeanne se met en tête de comprendre les mystères qui planent.


Le dessin est très beau, le trait fin et les décors fourmillants de détails, soieries colorées, épaisse végétation tropicale, ameublement colonial : on est dans le réalisme historique, un peu strict peut-être mais riche et vraisemblable. Avec une réelle volonté de témoignage. L’ambiance des îles est bien rendue, on apprécie la chaleur et la diversité humaine, on observe la vie dans les colonies du siècle dernier et leur atmosphère particulière.
Mais au cœur de la forêt, c’est morne plaine : jamais l’intrigue ne s’emballe. Il se passe bien des événements, mais seuls les mystères s’accumulent au fur et à mesure que le passé se dévoile morceau par morceau. Une société secrète est évoquée – quelques érudits qui s’intéressaient à la culture locale, à ses croyances. Des pistes. Des mots. Rien de concret.


Puis, lorsque l’on s’apprête à refermer La Fille de Mata Hari avec la décevante sensation d’une aventure sans rythme faite de trop de mystères et sans autre grand enjeu qu’un tueur un peu dégénéré et beaucoup de mots pour une petite histoire, la dernière page apporte avec le twist final un gros mystère de plus. Un sursaut d’espoir pour le scénario.


      Matthieu Marsan-Bacheré
Matthieu_Marsan-Bach
6

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le 1 nov. 2015

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