Cette BD est marquée "Coup de cœur" par les bibliothécaires de ma ville et je ne peux qu'être d'accord, car cette BD jeunesse est aussi amusante qu'originale.
Dans un monde où les Dieux, alias les Adultes, ont disparus dans des circonstances nébuleuses qui semblent avoir quittées la mémoire collective, les enfants peuplent désormais le monde. Divisés selon leur couleur de cheveux, on retrouve donc les Cheveux Blonds, chevaliers occupant une cité fortifiée sur un versant d'Île, les Cheveux Noirs, mages et savants occupant l'autre partie de l'Île dans un village sylvestre où un arbre géant leur font office de maison et les Cheveux Roux, pirates saltimbanques et espiègles vivant sur un navire écarlate. Léo, notre protagoniste est le meilleur ami de Roméo, Roi des Cheveux blonds, et s'il partage les valeurs de ses camarades, est néanmoins en proie à des rêves sur le passé de leur monde.
De plus en plus distant, animé par une curiosité qui ne sied pas à ceux de son genre, Léo semble devenir de moins en moins près de ce qui fait d'un Chevalier un Chevalier, au grand damne de Roméo. Ce dernier, loin de l'aider, utilise même ses rêves pour redorer sa propre image. Et lorsque les pirates roux viennent saboter l'Arme secrète des Blonds pour anéantir ( une fois de plus) le village des Cheveux noirs, leur ennemis, Léo croise la Capitaine des Roux, qu'il a vu en rêve. Il décide alors de tenter le tout pour le tout et se jette dans le navire des pirates pour aller chercher des réponses auprès de leur Capitaine. Mais celle-ci le conduit aux Cheveux Noirs, qui eux ont des réponses. Des réponses qui ne plairont sans doute pas au jeune Chevalier Blond. En parallèle, Roméo, croyant Léo responsable du sabotage du canon ( un malheureux concours de circonstance) accepte de servir un être qui veut la capture de son ancien meilleur ami.


Sorte de Fantasy à la sauce Peter Pan, "Légendes de Parvaterra" est vraiment riche en aventures, en scènes d'action et de personnages colorés. "Colorés", dans les deux sens du terme , d'ailleurs, avec toutes ses couleurs pastelles et ses hauts contrastes de clair-obscur, quel graphisme dynamique! J'ai un un coup de cœur pour la belle enluminure de la première page. On a quelques rappels du genre Fantasy avec la cité doré, cet espèce "d'arbre-maison à la Avatar et la présence des mages. J'ai beaucoup aimé les expressions des personnages, sans ambiguïté, parfois même assez drôles ( surtout Roméo).
Niveau personnage, on est bien servis. Bon Léo est tout-de même le gentil chevalier au beau visage qu'on est assez habitué de voir et le mage aux cheveux noir n'est pas sans rappeler Merlin l'enchanteur. Ceci-dit, j'ai bien aimé Roméo, qui revêt le noir et le rouge malgré la couleur Or qui caractérise la cité, son tempérament un peu bourru, sa dent manquante. On dirait une petite brute d'école, mais doté d'une belle élocution. J'ai bien aimé la Capitaine Rousse aussi, agile et confiante, le genre de jeune fille que j'affectionne dans les histoires. Ah, et cette ombre à la fin réussi à nous faire part de sa personnalité en quelques cases.


C'est donc un univers riche que nous présente l'auteur, qui est également le dessinateur et le coloriste ( wow). On peut dire qu'il ne s'est pas trompé car je trouve le rendu harmonieux, réaliste, addictif, amalgamant aventure, mystère, drame et comédie. C'est très fluide et c'est étonnamment joyeux! L'histoire tient très bien la route et il ne tarde de connaitre la suite. le premier tome nous expose clairement l'univers, les enjeux, les personnages et la "problématique". L'espace est bien occupé et je n'ai pas eu l'impression de voir des éléments superflus.


Il y a également un point fort à cette Bd que je ne vois pas souvent en jeunesse: la qualité de la langue. Habituée à un dialogue souvent minimaliste et un vocabulaire plus ou moins banal, ici, on sort la belle prose et les jolis mots. C'est particulièrement vrai au début, lorsque Léo nous raconte son rêve: c'est assez poétique. J'aimais beaucoup lire le dialogue entre Roméo et Léo avec ce langage soutenu. Bref, merci à l'auteur de ne pas verser dans la facilité sous le mauvais prétexte que c'est "de la jeunesse". N'oublions pas que nous avons des jeunes plus scolarisés que jamais dans l'Histoire des Hommes, alors nous devrions cesser de les prendre pour des cons. Une chose est sure, c'est le genre de lecture qui favorise l'apprentissage de la langue.


Vraiment une belle BD créative à mettre dans toutes les mains, peut importe que vous soyez enfant ou adulte.

Shaynning

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