Urban Comics propose Le Crépuscule de la magie dans la collection « DC Rebirth ». Wonder Woman et ses acolytes de la Ligue des Ténèbres y font face à une menace apocalyptique cherchant à redéfinir le rôle de la magie dans leur univers super-héroïque.


En feuilletant Le Crépuscule de la magie, un premier constat frappe le lecteur : les planches s’avèrent d’une qualité indéniable. Pour s’en rendre compte, il suffit de se référer à quelques pleines pages (60, 98, 101, 157, etc.) ou de s’arrêter un instant sur les visages les plus expressifs de Man-Bat, la Créature du marais ou Chimp. Le scénariste James Tynion IV dispose à l’évidence d’un matériel de premier choix pour donner corps à son histoire. Aux quatre personnages déjà cités, il ajoute notamment la magicienne Zatanna et le détective de l’occulte John Constantine. Tous vont s’échiner à protéger la magie face à l’alterespèce, l’homme inversé et une déesse triple à la personnalité et aux motivations complexes.


Hécate est une super-vilaine tout en nuances. Elle a endossé tour à tour les rôles de la vierge, de la mère et de la harpie. Bannie des Dieux, chassée par les hommes, elle aspire désormais, vengeresse, à « éteindre » la magie. Elle se sert de plusieurs super-héroïnes, récipiendaires insoupçonnées de ses pouvoirs, pour parvenir à ses fins. En ce sens, Le Crépuscule de la magie se conjugue au féminin, puisque ses principaux protagonistes sont toutes des femmes (Wonder Woman, Hécate, Zatanna, Circé, Orchidée noire…). À l’ère de l’anthropocène, le récit questionne aussi la responsabilité humaine : ce sont les hommes, par leurs excès, qui ont transformé quelque chose de « majestueux » en une menace destructrice.


Rythmé, choral, riche en rebondissements, Le Crépuscule de la magie fait également plusieurs fois mouche dans l’art délicat de l’humour. « Je me dis qu’on n’a pas encore vu le plus étrange, dixit le chimpanzé parlant naviguant sur un bateau plein de monstres. » Plus loin, John Constantine, cynique, se décrira lui-même, laconiquement, comme « un exorciste de pacotille avec une sale toux ». Quant au singe Nightmaster, sa nouvelle condition, quelque peu inattendue, fera l’objet de commentaires amusés. Ce comics transporte en outre le lecteur dans une grande variété d’endroits : la Tour du Destin, le Hall of Justice, l’Île du Paradis, les îles grecques, la cité mystique de Nanda Parbat, une métaphore lunaire, le Bar de l’oubli… Tous seront le théâtre d’événements importants.


Multiplicité de lieux, de personnages, d’enjeux : Le Crépuscule de la magie est un premier pas concluant vers un nouvel univers voulu foisonnant – où une super-vilaine peut en cacher une autre, comme cette histoire le laisse suggérer. L’égérie de DC Wonder Woman y est grandement malmenée, et son enfance s’en trouve un peu plus éventée. Une autre raison de jeter un œil attentif sur ce tome inaugural.


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le 13 août 2019

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