Le Groom vert-de-gris - Une aventure de Spirou et Fantasio, tome 5 par NicoBax

ça commence plutôt pas mal du tout, très aventure, Spirou est logiquement un Résistant, toujours plein de certitudes et de bonne volonté, Fantasio est toujours aussi loufoque et on découvre sa passion pour les inventions plus ou moins fonctionnelles. Comme pour le tome précédent, on retrouve la naïveté des bandes dessinées des années 40-50 qui, appliquée à la seconde guerre mondiale (sachant que l'histoire a été écrite aujourd'hui), donne des résultats assez déstabilisants. Il faudra déjà survivre à l'argot et au chauvinisme belge mais une fois quelques cases passées, on s'en amuse. On s'amuse beaucoup moins des clichés reproduits : Poildur (ceux qui ont lu les plus vieux tomes de Spirou s'en souviendront surement) est un petit manouche bagarreur qui se revendique "voleur de poules" (sic), le seul noir de l'histoire est le larbin d'une grosse collabo et le débat sur "Hergé collabo ou pas ?" (il racontait les histoires de Tintin dans "Le Soir", un journal collabo) est juste grotesque. Là encore, les questions politiques sont traitées avec manichéisme mais chaque son de cloche a son représentant. ça manque clairement de burnes.

Chose assez surprenante : il y a des morts. Des assassinats. Les nazis ont beau être de sombres crétins incapables de rien, rendant leurs interventions assez guignolesques (et cohérentes avec le style rétro choisi par l'auteur), ce qui rend les attentats (même s'ils sont du coté des gentils) d'autant plus surprenants.
Que dire du rythme de la narration ? Tout se passe bien, de façon cohérente pendant la grande majorité du tome et puis tout s'emballe sur les dernières pages, comme s'il fallait se débarrasser une fois pour toutes du contexte de la seconde guerre mondiale, devenu un peu trop pesant pour notre groom.

Il y a des clins d'œil amusants (Poildur, le professeur et Radar le robot, les zazous, etc) mais à naviguer entre la naïveté des bédés d'antan et la réalité froide et cruelle du contexte historique, on a l'impression que l'auteur n'a pas su choisir son camp (ahum elle est limite ahah). Ajoutez à ça le chauvinisme et les clichés, on a vraiment une drôle d'impression en refermant ce tome...