Sombre sorcellerie sur les fastes de richesses et d'insouciance de trois hommes, le premier tome d'Asphodèle pose les bases d'un récit 


où le surnaturel hante à l'horreur la réalité.



Éric Corbeyran élabore un polar mystique autour d'une sorcière de terrain capable d'affronter les démons qui rôdent et menacent la tranquillité de ces puissants qui ne s'embarrassent pas d'un passé décidé à les rattraper.



 C'est ici que tout a commencé... C'est ici que tout doit
s'achever. 



Le scénario manque de souffle épique, déséquilibre l'attention de raccourcis. La narration entraîne les personnages sans prendre le temps de leur donner corps, il y a comme quelque chose de lisse dans le format, dénué d'âme, qui fait qu'on n'accroche pas réellement, 


un rythme échappé, un entrain qui s'évide.



Seuls le suspense et l'intelligence des non-dits qui assurent ses bases appellent à la poursuite dans l'attente du dénouement. Il reste ça, le chatouillement de la curiosité à défaut de l'emballement émotionnel.
Malheureusement, on retrouve graphiquement le même défaut. Pas que le dessin soit mauvais, loin de là : Djillali Defali démontre un certain talent sous une bonne dose de travail. Si les personnages, Asphodèle en tête, sont séduisants, si quelques décors scintillent en des cieux lumineux, un déséquilibre persiste pourtant, notamment par la mise en couleurs lisse de Pierre Schelle, entre les ambiances de jour et les aplats sombres de nuits trop appuyées pour vraiment terrifier. Il est difficile, aux premières pages, de rentrer dans cette introduction expresse, lourde d'angoisse sans autre forme de procès. La rigueur et la méticulosité d'un côté, les éléments de reliefs colorés aux luminescences numériques de l'autre, déployées par la suite éloignent le lecteur de la narration plus qu'il ne l'y plonge



et c'est par à-coups que l'ouvrage défile :



d'une fluidité engageante et plaisante par moments, avant qu'un trop imposant décor, qu'une tentative de tableau, viennent heurter l'entrain factice, les expressivités figées.


Entre deux eaux pour ce premier volume autour d'une Asphodèle physiquement ensorcelante mais à l'âme encore malheureusement bien trop légère pour complètement nous envoûter. Il faut espérer que la suite apporte plus de consistance à cette entrée en matière, et que le rythme s'y engraisse autour d'enjeux plus prononcés pour que le sort nous laisse pardonner 


les traverses fragiles qui trompent ici le rythme et l'envie.



Un petit supplément d'âme pour nous laisser enfin soustraits, captivés.

Créée

le 29 août 2018

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