Victimes de la bêtise humaine, cette BD vous est dédiée

Lupano est décidément devenu un scénariste talentueux. Sa reconnaissance auprès du public a commencé en 2011 avec « L’homme qui n’aimait pas les armes à feux », un western humoristique atypique et déjanté. Enchaînant depuis les succès critique comme les succès commercial, il jongle constamment entre l’humour et le drame dans ses derniers albums, ce n’est pas pour rien que l’excellent Ma Révérence a reçu le prix polar/SNCF à Angoulême et plus récemment le one-shot "Les vieux fourneaux", paru il y a quelques mois. Mais c’est Le singe de Hartlepool, sortie en 2012 et dessiné par Jérémie Moreau qui va nous intéresser aujourd’hui.


Scénario : L’histoire est tirée d’une légende urbaine anglaise, se passant en pleine guerre Napoléonienne, qui dit qu’après qu’un navire français se soit échoué sur les côtes anglaises, le village du coin Hartlepool aurait repêché un survivant du navire, un chimpanzé qu’ils auraient pris pour un français. C’est donc cette histoire-là que Lupano raconte dans ce one-shot de quatre-vingt-quinze pages, non sans rajouter bon nombre de personnages secondaires cocasses, toujours avec sa petite touche d’humour caractéristique. Car si les dialogues et les personnages sont purement humoristiques, on perçoit un côté tragique au récit qui offre une seconde lecture bien amenée.


Dessin : Avec le singe de Hartlepool, Jérémie Moreau signe sa première bande dessinée et en sachant cela, le résultat nous paraît plus qu’honorable, qui plus est avec une très bonne mise en couleur. Nous venant du cinéma d’animation, ce jeune talent déploie donc un style très nerveux, donnant la part belle au mouvement, à mi-chemin entre Bastien Vivès et David Prudhomme. Son trait reste tout de même un peu hésitant, et on remarque même une évolution positive entre les premières et les dernières planches, comme si l’auteur avait progressivement gagné confiance en soi. Tant et si bien que son album suivant, Max Winson sortie en janvier dernier, est réalisé par lui seul.


Pour : Faisant la part belle à l’ambiance, c’est avec leurs séquences muettes que Lupano et Moreau nous montre tout leur talent. Bien que ces scènes soit peu nombreuses, elles forcent l’admiration de par tout ce qu’elles suggèrent et racontent, arrivant par ailleurs à renouveler l’attention du lecteur.


Contre : A bien y réfléchir, la seconde lecture évoquée plus haut est plutôt manichéenne. Elle tente de prouver que l’ignorance est la principale cause de la bêtise humaine. Elle a au moins pour mérite d’être simple et efficace.


Pour conclure : Même si l’humour et la légèreté prédomine avec notamment la présence de personnages enfants, c’est dans son approche plus mélancolique que Le singe de Hartlepool est une véritable réussite. A tel point que l’album a reçu le prix des librairies 2013, ce qui n’est pas rien.


Ma critique de la BD "Un Océan d'amour" :
http://www.senscritique.com/bd/Un_ocean_d_amour/critique/41929656


Ma critique de la BD : "Les Vieux Fourneaux" :
http://www.senscritique.com/bd/Bonny_and_Pierrot_Les_Vieux_Fourneaux_tome_2/critique/41929653


Ma critique de "Ma Révérence" :
http://www.senscritique.com/bd/Ma_reverence/critique/38535927

Marius_Jouanny
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le 16 sept. 2014

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Marius Jouanny

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