Le second opus de ce diptyque commence par changer de décor, radicalement. C’est au cœur de New York, aussi étouffant et angoissant que la nature italienne était aérée, que l’homme retrouve sa visiteuse et commence de reprendre goût à la photographie et à la vie, ainsi que contact aux autres. Mais cette longue introduction se termine sur une sombre séquence : Baltus a conscience que ses démons malgré tout l’accompagnent où qu’il soit.
Puis d’une magnifique page d’espace, une maison sur une longue page de sable fin de la Côte Est, les personnages se retrouvent en bord de mer. Entre ses deux femmes et un gamin, Baltus continue de revenir à la vie. D’entrevoir l’amour et la narration sait se brusquer ponctuellement avec une page pleine d’amour en un montage dense et sensuel. Mais dans l’ensemble, le récit garde ainsi ce rythme propre à l’homme plein d’incertitude qui partage là ses interrogations. C’est encore poétique, le fantastique s’en mêle un peu plus, avec subtilité, et les dernières pages, sombres et tristes, dernier cauchemar d’une horrible noirceur, amènent la clef de l’ensemble, une poésie de la camarde pour dire la question : avec les fantômes de l’amour sur le chemin d’un homme, comment continue-t-il après le deuil ? comment survivre ? et pourquoi ?


Les Échos Invisibles se révèle une agréable découverte empreinte de drame, de poésie et de fantastique sur le fragile équilibre, propre à l’interrogation, de l’être après le deuil. Un objet de contemplation philosophique simple, accessible et tendre, à la fois vivant et désespéré, malgré cette dernière page, dernier superbe dessin, de transmission et d’espoir. Je découvre ici avec plaisir deux artistes de la bande-dessinée contemporaine, l’auteur Tony Sandoval structure un passionnant questionnement sur le deuil et la relation à l’autre qu’on y perd, et trouve une aide précieuse dans sa démarche avec le dessin magnifique, fragile et subtil, pastels clairs et atmosphères aériennes, de Grazia La Paluda.
Si la première partie porte plus d’air, plus d’espoir, plus de simple bonheur quotidien, elle ne fonctionne pas sans la résolution qu’apporte la suite, plus triste, plus en reliefs, et l’ensemble crée une histoire particulière. Deux beaux écrins pour un triste poème d’éphémère.


      Matthieu Marsan-Bacheré
Matthieu_Marsan-Bach
7

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Créée

le 31 oct. 2015

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