Globalement décevant.


1ère partie :les critiques et interviews réalisées par les auteurs.


C'est intéressant parce qu'on aborde un peu de tout, qu'on découvre l'univers du sexe qui est en fait très large. C'est fait avec légèreté et humour aussi, l'idéal pour ce genre de BD. L'on appréciera aussi les efforts de l'auteur pour représenter un maximum de personnages différents ; ça peut parfois devenir lourdingue et à force de s'éloigner de la représentation habituelle des gens, le lecteur finit par s'imaginer que cette liberté sexuelle (ou perversion sexuelle) ça ne touche que les marginaux (ou qu'il faut être marginal pour oser prétendre aux libertés sexuelles).


Heureusement que Matthew (l'autre auteur) a un look plus 'normal' ça permet au lecteur lambda de s'identifier plus simplement ; d'ailleurs on ne peut s'empêcher de se demander ce qu'il fout là, car sans le vouloir, l'auteure associe ces pratiques variées aux excentriques, aux anormaux, aux marginaux à force de ne montrer que des gens si différents de la norme. Ainsi, si ça part d'une bonne intention, Erika oublie que la narration repose toujours sur des clichés et que chaque cliché est lourd de sens ; en choisissant un couple transgenre plutôt qu'un couple "normal" pour illustrer l'utilisation d'un sex-toy, elle envoie un certain message plutôt qu'un autre. Je sais, c'est moche, mais c'est comme ça qu'on raconte des histoires... d'où le fait que les princesses sont de jolies petites femmes minces à la belle chevelure et non pas des gouines aux cheveux à moitié rasé, alors qu'elles aussi on droit au romantisme, aux rêves, à la féerie...


C'est foutraque dans le sens où on passe d'un sex-toy à l'autre sans réelle logique ; les auteurs s'expliquent à la fin de l'album, ils ont choisi ceux qu'ils préféraient tout simplement et ceux sur lesquels ils avaient quelque chose à dire, une critique un minimum construite. Et ça se ressent, il manque une cohérence plus objective pour passer d'un objet à l'autre. Une conséquence c'est que l'album paraît incomplet, comme si les auteurs n'avaient fait que survoler leur sujet.


Les critiques ne sont pas très poussées : apparemment les auteurs se sont restreints eux-mêmes (d'après ce que je comprends dans les explications de fin), on dirait au contraire que les auteurs sont tributaires d'un format imposé car les récits sont très souvent (voire toujours) trop courts ; c'est gênant car on a l'impression qu'ils vont trop vite, qu'ils ne font qu'énumérer des arguments pour ou contre, ou encore que la critique est incomplète. Cela reste lisible, on ne reste pas trop sur sa faim mais un peu quand même.


Ce qui agace fortement c'est cette bienveillance permanente : toujours, ça finira sur une recommandation, ou presque ; les points négatifs sont pourtant là, mais c'est comme si on s'en fichait sous prétexte que quelqu'un appréciera forcément ce toy ; ça ne m'intéresse pas qu'on pense à ma place, j'attends juste que les auteurs parlent franchement de l'objet et qu'ils nous laissent le soin de juger si ça nous convient ou pas, leur conseil de fin est donc inutile à mes yeux. Les auteurs ne vont pas assez loin, que ce soit dans les arguments ou les mises en situation, du coup ça paraît un peu superficiel.


Ce qui nous amène au dernier point qui peut s'avérer être gênant : à force de ne critiquer que les objets qu'ils reçoivent, les auteurs donnent l'impression d'établir un recueil publicitaire (la présentation des objets sur la première page y fait aussi fortement penser) ; en effet, à force de toujours finir avec le sourire en disant que ça conviendra bien à quelqu'un, les auteurs poussent à la consommation, et ce sourire béat rappelle les pubs des années 50-60, avec des protagonistes lobotomisés.


Graphiquement, c'est sympa. C'est parfois un peu plat, ça manque de détail ou de volume, mais les attitudes sont convaincantes, les cadrages sont efficaces, les phylactères sont bien disposés, les pages ne sont jamais surchargées. Ce choix de couleurs est efficace de par sa simplicité ; j'aurais aimé un peu plus de variations pour tenir tout du long mais ça n'est pas dérangeant pour autant. On appréciera surtout le design des sex-toy ; on apprend à la fin que la dessinatrice a décalqué à l'aide de son logiciel ; le résultat est très plaisant, on sent que Erika a pris beaucoup de plaisir à dessiner ces jouets.


2ème partie : les invités.


Avec 300 pages, je pensais que les auteurs allaient vraiment nous gâter avec un très grand nombre d'objets, quelle ne fut pas ma déception lorsque je découvris qu'après 200 pages c'était déjà fini ! De quoi rager encore plus sur le choix des objets.


M'enfin, ces pages bonus permettent d'aborder d'autres pratiques et objets sexuels. Malheureusement les auteurs invités ne sont pas )à l'aise avec le format et si les récits d'Erika et son mari paraissent déjà court, au moins, ils géraient un minimum leur format, sans doute parce qu'ils en ont délimité les règles eux-mêmes... les invités proposent donc des choses... pas terribles. L'idée de base est bonne, on se retrouve chaque fois face à des sujets intéressants, mais le développement est très inégal : certains s'en sortent très timidement, d'autres gâchent tout le potentiel, certains expliquent mal les détails, d'autres ne savent pas vraiment comment terminer (et dans ce cas on se demande même parfois ce qu'ils ont essayé de nous raconter), encore d'autres gèrent mal le rythme sur ces quelques pages, en témoigne la dernière qui propose un double récit (face A et face B) dont la conclusion se fait sur les 2 dernières vignettes de manière bien trop expéditive.


Le graphisme est inégal aussi : certains se débrouillent bien graphiquement, d'autres sont nettement moins doués ; l'on sent également la difficulté de certains à mettre en scène comme s'il s'agissait d'une conversation entre l'auteur et le lecteur (ou d'un exposé), les cadrages ne sont pas toujours terribles.


3ème partie : des explications et des vieilles BD des deux auteurs.


Les explications ne sont pas inintéressantes, mais c'est un peu court ; pourtant ils (ou plutôt elle, car Erika s'exprime principalement) avaient certainement plein de choses à ajouter... au lieu de ça, ils perdent du temps (et des pages) sur des sujets déjà abordés, en les détaillant un peu, mais pas assez pour être satisfaisant.
Les vieilles BD, c'était bizarre, parce qu'elles ne sont pas terribles. La BD "Queer" n'a pas vraiment de fin, ça tombe à plat, tandis que l'autre BD sur le quotidien, si elle m'a informé sur l'existence de ce concept que je trouve cool, le récit m'a paru hors-sujet par rapport au reste de la BD, (alors qu'il semblerait que Erika fasse de la BD sur le sexe depuis longtemps, je suis surpris qu'ils n'aient pas sélectionné une de ses anciennes histoires plus pertinente.


C'est une traduction française que j'ai lu et de manière générale, je déplore cette typo faite à l'ordi bien froide, bien moche. En plus, La dessinatrice explique qu'ils ont créé leur propre police basée sur l'écriture de Erika, alors pourquoi ne pas l'avoir demandée aux auteurs pour cette traduction française ?


Bref, les 200 premières pages valent un 6/10, c'est-à-dire que c'est sympa mais sans plus, ça ne va pas assez loin ; le reste vaut un 4/10.

Fatpooper
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le 9 juil. 2020

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