Les culottées
8.3
Les culottées

Blog BD de Pénélope Bagieu (2016)

Je suis pas fan de Pénélope, du moins du peu que j'ai pu en lire, mais bon, ce blog est accessible gratuitement alors je me suis laissé tenter.


Le début est très mauvais, voire catastrophique : les récits sont mal structurés, on est dans un factuel très sélectif, au point que l'auteure emprunte parfois des raccourcis un poil embarrassants. Pire, elle expédie le tout si maladroitement que ces personnages féminins en deviennent anecdotiques parce que l'auteure n'arrive pas à approfondir les passages les plus intéressants/importants de la vie de ces personnages. Cela vaut pour au moins le premier quart des histoires (je suis bien tenté de dire premier tiers mais je n'ai pas envie de vérifier).


Après quoi, Pénélope commence à mieux gérer son concept, délivre des planches réussies, vise plus juste au niveau du factuel, se permet d'étirer quelques passages, pas toujours de la façon la plus réussie ni les passages les plus pertinents, mais au moins ça rend le tout moins anecdotique. Il reste quelques éléments narratifs fâcheux, des choses qu'elle introduit gratuitement (le principe du fusil de Tchekov non utilisé) mais globalement ça sonne mieux. Le dernier tiers est le mieux géré, l'auteure prenant l'espace nécessaire pour raconter pleinement ses histoires.


Le côté féministe est parfois un peu gênant durant la lecture : je ne me souviens plus de quelle histoire il s'agissait, ce devait être à peu près au milieu de la production (donc dans la page 2 je pense), mais on sent clairement qu'on dépasse le cadre du factuel et que c'est l'auteure, en tant que féministe de chez Madmoizelle.com qui parle et qui se permet de faire son p'tit commentaire de rageuse. C'est dommage parce que ça casse le côté factuel mais aussi parce que placer un commentaire dans un récit aussi décousu (propre à la narration de type biographique) et concis, ça paraît encore plus déplacé puisque rattaché à rien de concret (pas de contre-argument, pas de recherche, rien). Heureusement, et j'avoue que c'était ma grosse crainte en commençant ce blog, cet esprit combatif n'est pas trop envahissant.


On a aussi quelques personnages nettement moins intéressants, peut-être parce que l'histoire est moins bien gérée (pareil, je n'ai pas retenu le nom mais c'était sur la fin, donc la page 1) ; en contre-partie, il y a quelques personnages très intéressants où j'ai eu envie d'en savoir plus (attention, là je distingue deux types de curiosité : la curiosité parce que l'auteure a mal fait son boulot et l'autre parce qu'elle a bien fait son boulot ; on trouve les deux dans l'album malheureusement). C'est dommage qu'il n'y ait pas un concept dans le choix des personnages d'ailleurs, parce que mis comme ça, c'est un peu hasardeux, ça donne l'impression que l'auteure aurait pu s'arrêter à 10, 20, 40, 100 histoires...


J'ai tout de même trouvé la démarche logique dans le sens où l'album fait continuité avec "California Dreamin' " ; en effet, on retrouve le même principe décousu, sauf qu'ici c'est plus mature (du moins passé le premier quart/tiers du blog) et plus concis.


Niveau graphisme, on constatera un manque de constance dans les deux premières pages où on peut soudainement passer d'un récit très bien réalisé à un autre nettement moins agréable à lire. C'est d'autant plus flagrant sur ordinateur, certaines histoires étaient franchement pénibles à suivre, le dessin n'étant pas toujours clair et la typo trop irrégulière. Mais globalement, et surtout dans la seconde moitié du blog, on remarquera les efforts fournis par l'auteure pour que les planches soient lisibles, grâce à des vignettes plus épurées mais aussi grâce à un jeu de couleur plus minimaliste, permettant ainsi de mieux orienter le regard du lecteur.


Les personnages ont une bonne bouille et le langage corporel est efficace même si l'auteure n'a pas un bagage très vastes d'expressions. Mon seul reproche, c'est que, d'un dessin à l'autre, et parfois au sein d'une même histoire, on ressent plus ou moins l'influence américaine ; c'est-à-dire qu'il y a des personnages qui rappellent les dessins animés américains, de par la tronche, de par les proportions, et puis d'un coup on revient à quelque chose de plus européen. C'est un peu dommage ce changement car dans un style comme dans l'autre, Pénélope se débrouille correctement.


Bref, ce blog n'est pas aussi pénible que je l'aurais cru de prime abord, il y a même une histoire qui est vraiment bonne (mais j'ai oublié laquelle), le reste va du sympa au médiocre.

Fatpooper
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le 19 mars 2017

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Fatpooper

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