Les curés tapent dur !

Les religieux héros de séries de BD sont rarissimes. Le Soda de Philippe Tome est un faux pasteur, mais véritable policier aux méthodes expéditives. Le Janitor, de François Boucq et Yves Sente, est un séminariste agent très spécial du Vatican qui, bien que respectant la morale catholique, s’autorise des libertés avec la discipline ecclésiastique. Avouons que Yann Le Pennetier n’a pas choisi la facilité en confiant ses deux premiers rôles à d’authentiques curés.

Odilon Verjus a été poulbot, maquereau, puis, touché par la grâce, aumônier dans les tranchées avant de se vouer à l’évangélisation des Papous. Odilon ne craint rien, ni personne sur Terre, il a le verbe haut et le coup de poing solide. Traumatisé par la guerre, le jeune pilote Laurent de Boismenu a rejoint les Missionnaires du Sacré-Cœur de Jésus d'Issoudun. Conscient de leur valeur, un cardinal les envoie à Pigalle sur les traces d’une prostituée qui aurait dérobé un trésor des caves du Vatican !

Saluons l’extraordinaire travail de recherche sur l’église catholique, ses rites, son histoire et son latin, mais aussi sur les argots, les putes et les macs, les bouchers et les artistes, les grenouilles de bénitier et les clochards... de la fin des années 30. Tout sonne juste, Yann nous propose une foule de seconds rôles attachants, dont des Pieds Nickelés proxénètes et une jeune môme Piaf. Il s’attarde à nous faire visiter un Paris populaire et, malgré quelques bagarres homériques, voire uderziennes, la quête en devient secondaire et l’adversaire inconsistant.

Le trait de Laurent Verron est moderne, dynamique et fouillé, les personnages tous parfaitement croqués. L’erreur de casting est flagrante. Media participation (Dupuis, Dargaud, Le Lombard et autres) aurait dû lui confier Spirou, sa série phare, plutôt qu'au surprenant, voire abscons, dessinateur Yoann.