Pingouin
5.1
Pingouin

BD (divers) de L.L. de Mars (2015)

Mais pourquoi des pingouins ?

Le concept du gag en une case m'a intéressé, étant un grand fan de Gary Larson. Malheureusement, LL de Mars n'atteint pas la cheville de la cheville de la cheville de Gary.


Le côté absurde paraît souvent un peu facile, jamais vraiment creusé. De plus, l'auteur se limite aux pingouins comme pour se démarquer. Choix honorable, mais regrettable aussi, car l'auteur a vite fait le tour. Mais c'est aussi parce qu'il ne l'approfondit pas assez ; on aurait pu espérer la rencontre avec d'autres animaux de cette contrée glacée, ou l'exploitation du terrain mais ce n'est jamais ou trop rarement le cas ; pire, le pingouin se révèle être finalement, un faible ersatz à l'homme, parfois mis dans des situations similaires, soit en acceptant la fusion des deux univers, soit en pointant du doigt l'absurdité d'une telle idée, parfois mis dans des situations loufoques qui n'ont plus rien à voir. Voilà, on est le cul entre deux chaises, trois ou quatre chaises et l'auteur ne choisit jamais vraiment une voie ou l'autre.


Le pingouin paraît aussi gratuit du fait qu'il n'est pas assez creusé. En fait, la majorité de gags auraient pu être mis en scène avec d'autres espèces. Cela manque donc d'une identité forte. Les gags eux-même sont trop superficiels : l'auteur ne va jamais assez loin dans son délire, c'est souvent trop facile, trop simple. En fait, l'absurde, c'est assez large, on pourrait imaginer plein de sous-branches. Mais LL de Mars n'en investit aucune totalement.


Graphiquement, c'est correct, mais je regrette certains choix artistiques comme par exemple l'expressivité des personnages ; Gary Larson a l'intelligence de mettre ne scène des visages neutres la plupart du temps, comme un masque cachant les émotions, cela permet au lecteur d'y attacher ce qu'il veut mais aussi de renforcer le décalage. Ici, les pingouins râlent, sont gênés, sourient, ... ça casse un peu l'ambiance et les quelques rares bonnes idées, ça fait un peu BD pour gosses où les personnages rient plus de leurs blagues que les lecteurs de la qualité de la BD (bon, là j'exagère, les bonnes BD pour gosses ne contiennent pas ça).


Le manque de détail fait aussi cruellement défaut. Entendons-nous bien : je comprends que sur une banquise il n'y ait pas grand chose à dessiner, il n'empêche que les paysages se ressemblent, les attitudes aussi. Et quand bien même, vu que l'auteur déplace ces animaux dans des habituations semblables aux nôtres, il aurait pu enrichir ces intérieurs... Si on analyse le travail de Larson, l'on constatera que ce sont souvent les petits détails qui rendent le gag drôle.


Enfin, je n'ai pas vraiment saisi un parallèle intéressant avec l'homme, la critique sociale n'étant jamais très poussée et plus axée sur le gentil gag que sur les absurdités quotidiennes de notre société. Ce n'est donc vraiment pas un projet que l'on retient, c'est plus comme de la junk food sans saveur vite consommée et vite oubliée (et encore, j'apprécie aller au macdo).


Bref, je ressors assez déçu de cette lecture, non pas que je m'attendais à quelque chose de génial, mais juste que j'espérais passer un bon moment. Je ne peux que conseiller aux gens de s'attaquer à Gary Larson ou Glen Baxter qui se montrent bien plus inventifs et rigoureux dans leur exploration de l'absurde.

Fatpooper
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le 22 juin 2015

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