Pompéi
7.3
Pompéi

BD (divers) de Frank Santoro (2014)

Environ un mois avant la sortie du film de Paul W.S. Anderson (à qui on doit entre autres chef-d'oeuvres les Resident Evil ou Les Trois Mousqutaires 3D), paraissait cette intrigante bande dessinée. Un trait léger, crayonné, minimaliste et sobre.
Là où l'un choisit le film catastrophe à effets spéciaux, Frank Santoro préfère recentrer l'intrigue : cinq personnage, deux lieux. Le récit suit Marcus, apprenti peintre, à qui son maître, Flavius, demande de cacher sa liaison avec une princesse à son épouse, Alba. En parallèle, Marcus retrouve sa fiancée, Lucia, et tout deux se questionnent sur leur avenir : retourneront-ils à Paestum ou pas ? Puis c'est Flavius qui décide soudain de suivre la princesse à Rome. Marcus suivra-t-il son maître à Rome ? Ou repartira-t-il avec Lucia à Paestum, où il n'y a malheureusement pas d'avenir pour un peintre ? Et puis le tremblement de terre, puis le réveil du volcan coupe court à la question.
Tiens, j'ai eu une discussion avec un camarade libraire qui trouvait que Frank, franchement, ne s'était pas foulé.
Pourtant, j'ai lu l'album rapidement, pris dans le récit pourtant simple, et j'ai retenu mon souffle sur toutes les dernières pages - alors que je savais pertinemment comment tout ça allait finir.
Et j'ai réfléchi à une chose : en vérité la majeure partie du récit, chassés-croisés entre les personnages, dilemmes moraux, tension dramatique entre les couples, regards amoureux... Il y avait là matière parfaite à un bon roman-photo. Ou, effectivement, à la toile de fond un peu grossière pour faire semblant de donner de l'épaisseur aux personnages d'un blockbuster en 3D.
Mais c'est justement ce trait relâché, qui se contente d'évoquer presque schématiquement les personnages et les décors (quelques fois des couleurs ou un bruit sont indiqués à l'écrit) qui rend paradoxalement crédible et vivant le récit.
Une représentation faussement réaliste, comme celle figée et surjouée d'un roman-photo, ou celle saturée de couleurs et pleine d'empreint dramatique d'un blockbuster avec musique poussive et effets de caméra, rendrait tout stéréotypé et grossier.
Là, la simplicité du traitement, les visages juste esquissés et donc presque anonymes, donnent plus de place aux personnages réels qui prennent alors une vie autonome dans l'imagination du lecteur. L'évocation au trait simple est alors plus porteuse que n'importe quelle autre représentation stylisée.
Et finalement, ce côté brouillon, qui donne un peu l'impression d'un storyboard, plus que d'une BD terminée, ce côté inachevé, eh bien, cela colle parfaitement au sentiment qui nous reste lorsque l'on voit ces personnages emportés par la catastrophe. Un sentiment d'inachevé, oui.
colville
10
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 12 juil. 2014

Critique lue 240 fois

colville

Écrit par

Critique lue 240 fois

Du même critique

Doctor Who
colville
6

la faute à Éva

Un jour, sur les bancs de la fac, j'ai connu Éva. Passons sur X évènements dont vous vous fichez, mais disons que c'est elle qui m'a fait basculer dans la SF et m'a permis de redécouvrir une série...

le 27 févr. 2011

65 j'aime

102

Equilibrium
colville
1

deux poids deux mesures

Bon tout le monde l'a déjà dit, mais ça me démange. Je sais pas bien ce qui a pris à Kurt, enfin, peut-être plus ou moins. Il avait un message à faire passer, un truc beau et profond sur la nature...

le 22 nov. 2010

34 j'aime

86

Sliders : Les Mondes parallèles
colville
1

Propagande !

J'avais un bon souvenir de cette série, que -comme presque tout le monde- j'ai vu et kiffé ado. Ces derniers temps, j'ai eu une envie soudaine de revoir tout ça. Oh bonheur : si l'on excepte des...

le 15 oct. 2010

31 j'aime

17