La plus belle surprise de Sobral

Mais oui ! Mais oui mais oui mais oui mais OUIIII !

Je l'attendais pas celui-là. Tombé comme ça, sous mes yeux, tel un messie, dans une librairie où j'attendais mes amis. J'avais perdu espoir depuis longtemps pour les Légendaires. L'arc en cours de la série originale a des enjeux inexistants et une trame narrative pauvre, le précédent tome origine n'avait rien à raconter, et la nouvelle série parodia n'a même pas la qualité de me faire sourire. Je n'y croyais plus, l'aspect sombre et torturé que Patrick Sobral avait réussi à insuffler chez les Légendaires avait disparu à mon grand désespoir.

Il n'y avait qu'une seule lueur d'espoir : ce tome origine, sur Razzia, le personne au passé le plus violent de tous. Sauf que les origines de Razzia, on les connaît déjà (expliquée durant le Cycle d'Anathos), alors quoi raconter, comment surprendre ?

En faisant le lien, voilà tout ! C'était tout con, mais jamais un tome des origines n'avait eu cette subtilité de densifier un passé déjà bien clair, d'en étoffer le fond et ainsi, donner encore plus de profondeur au personnage.

Au fur et à mesure de ma lecture, je me suis rendu compte à quel point Razzia était le personnage le plus complexe de toute la série, car ce n'est pas seulement un homme qui veut faire le bien, c'est un homme qui cherche comment le faire. Un homme manipulé, désabusé dont la moindre bonne action est vue comme une faiblesse.

On l'a connu grassouillet, attachant de par sa simplicité, mais ici, cette personnalité en fait ressortir tout la part triste du personnage, et ça n'a jamais été le cas auparavant dans les Légendaires Origines.

Razzia est un homme qui croit faire le bien. Qui croit servir la justice, qui aime les gens, qui est bercé dans une illusion d'unification que seul son maître Darkhell pourrait accomplir. Une illusion qui part peu à peu en fumer pour se finir en bain de sang. La fin de Razzia, on la connaît déjà, et Sobral le savait parfaitement, il sait qu'on est pas con. Il savait très bien que le lecteur allait reconnaître Sheyla, que malgré une intrigue politique autours d'une éventuelle alliance, ça n'allait que finir en guerre.

Et bon sang, Sobral a réussit à me surprendre !!!

A surprendre de part l'utilisation malicieuse des personnages et de leurs motivations, de par la façon dont les relations sont travaillées. Le climax de fin est planche par planche, dessin par dessin, dialogue par dialogue, identique à ce qu'on a vu dans le tome 12 de la série de base. Et pourtant, tout sonne différemment, comme si ce qu'on avait vu plus tôt offrait une nouvelle lecture à cette histoire, tout en restant cohérent.

Alors bon, il y a bien quelques défauts, du genre les actions de Kalandre, qui sont un peu bordéliques parce qu'elle manipule un peu tout le monde sans qu'on sache vraiment où elle veut en venir (surtout que le voile de mystère qui l'entourait n'existe plus depuis le tome 18 de la série originale). Et que les deux dernières pages laissent présager d'une suite, mais qui finalement n'aura pas lieu, parce que la série Origine est bien finie, j'ai donc un peu l'impression que ça se fini en queue de poisson.

Mais bon sang, quelle claque ! Quelle surprise, quel plaisir de pouvoir lire un tome légendaire qui arrive à faire rire, sans perdre cette intensité dramatique qui parcourait encore la série il y a cinq ans (et que depuis, elle a perdu). Je suis heureux, c'est tout ! Ce tome m'a réconcilier avec Sobral, même si je sais qu'il s'agit un peu d'un cas à part parce que désormais, il ne reste plus que la série originale et les parodias, qui, à mon sens, n'ont plus vraiment d’intérêt. Mais ce tome existe et j'en suis heureux, et c'est clairement ce qu'on pouvait attendre de mieux, pour le personnage de Razzia et c'est définitivement, le meilleur tome Origine de la série.

Et puis bon, visuellement, Nadou est toujours incroyable !

PS : Par contre, plus le temps avance, plus j'ai l'impression que Sobral est un obsédé concernant ses personnages féminins.