Slam Dunk
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Slam Dunk

Manga de Takehiko Inoue (1990)

Avec "Slam Dunk" se pose un problème : Comment, et surtout peut-on, juger une longue série dans son unicité ?


Parce-qu' avant de qualifier de chef d'oeuvre la première qui passe, particulièrement dans ce genre de séries fleuve avec à la barre une jeune auteur ( seulement 23 ans quand il a commencé ), qui va inévitablement évoluer, mûrir et parfois s'essouffler ( ce qui n'est pas le cas ici ), il faut la prendre en compte de bout en bout, le chef d'oeuvre étant une sorte d'absolu.


Car oui, si le final est d'une rare perfection il ne faudrait pas oublier comment cela à commencer.


"Slam Dunk" est au départ une petite comédie naviguant sans trop savoir comment ni où, ça se traine dans des gags, certes souvent efficaces, mais en sort surtout une certaine frustration, on sent qu' Inoue ne sait pas trop comment mener son histoire. Alors je n'ai rien contre prendre son temps pour installer un cadre et des personnages, quand c'est efficace ! et ici, comme dis plus haut ça traine.
Mais heureusement pour nous, Inoue trouve l'illumination juste avant de s'essouffler, avec l'introduction des personnages de Miyagi et Mitsui qui pour ma part, marque un tournant dans le manga, fini la comédie juvénile, place au basket, et sérieusement s'il vous plaît.
A partir de ce moment le manga est un crescendo constant à tous les niveaux, que ce soit dans la gestion de la tension des matchs, l'action qui prends de plus en plus le pas sur les réactions et commentaires, la représentation de l'action et l'évolution de Sakuragi. ( d'ailleurs celui-ci étant le principal vecteur d'humour, son importance diminue conjointement à sa maturation. Même si Inoue en met toujours de petites touches, elles sont de mieux en mieux dosées, touchant par là même de plus en plus juste )


On arrive donc à ce dernier segment, juste parfait, et c'est chose assez rare pour le souligner une nouvelle fois, PARFAIT !
Inoue ne se concentre plus que sur le basket, de sa propre volonté. Il connaît son sujet et lui déclare son amour sans retenue, d'une générosité que nous nous prenons en pleine face.
Générosité est le mot, le mec nous à quand même servi un match dans son entier déroulement, sur 5 tomes ( si je me souviens bien ), pour un final totalement muet ( quasiment, il balance quand même deux-trois bulles alors que l'action est totalement compréhensible, je pinaille mais j'aurais aimé qu'il aille jusqu'au bout de l'idée ) d'une maestria sans conteste, d'ailleurs je pense l'exercice du muet fondamental pour juger la qualité de mise en scène d'un auteur, et ici nous comprenons tout, même les profanes en basketball je pense, se font emporter avec facilité.
Les corps dégoulinent et souffrent, l'action est d'un rare détail, servant par ailleurs l'évolution des personnages, particulièrement la rivalité Rukawa-Sakuragi, on tremble et on jouit jusqu'à l'explosion finale accompagnée de ses larmes de joie extatiques et de la pression retombée, que l'on accueil nous aussi avec soulagement.


De plus, Inoue à eu l'intelligence ( ou le privilège, qui sait ce qui se passe dans les bureaux de la shueisha ) de ne pas prolonger son récit inutilement, là où n'importe qui d'autre serait allé jusqu'au bout du tournoi bien qu'il n'ait plus rien à raconter.
Il maîtrise tellement bien son récit qu'il se permet de nous faire saliver avec l'introduction de personnages tous plus impressionnants, matrice à fantasmes de confrontations. Pour ma part, ma seule envie était de voir Sakuragi affronter l'espèce de gros Shaq, ce qui aurait pu, en plus, être un arc narratif intéressant.
Mais à la fin, je me suis moi-même étonné à être rassasié, parfait !


Je vais rapidement évoquer le dessin qui évidemment participe grandement à la réussite du titre.
Le style d'Inoue suit la même évolution que le reste, d'abord assez irrégulier sans être remarquable non plus, il arrive à un style qui représente à la perfection le corps du sportif en action, à la fois fin, musclé et dynamique.


Nous avons donc une grande épopée, qui passé les premiers tomes ( avec un certain courage il faut l'admettre ), nous entraîne dans ce que le sport a de mieux à nous offrir.
Malgré tout, si la seconde partie de "Slam Dunk" tient du chef d'oeuvre, il n'en est pas un, faute de débuts non maîtrisés d'un jeune auteur encore inexpérimenté.


Et pour cette raison je ne lui donne qu'un petit...9.

xaiy
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le 7 avr. 2021

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xaiy

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