Je vous fais gagner du temps en résumant en une ligne : ce manga ne raconte rien. À l’instar de ce seinen qui aura eu besoin de 7 tomes pour le prouver.
L’histoire, bien que très classique dans son démarrage, a le mérite d'entretenir un certain mystère qui nous pousse à dévorer les pages. La figure de style choisie colle au propos, puisque nous avons affaire à une histoire d’anthropophagie mettant en scène un complexe souterrain où l’élevage d’êtres humains a été développé à l’échelle industrielle. On pardonne alors aisément la surabondance de gore et de sexualité, justifiée par le concept de base. Les dessins sont bons, la mise en scène fait parfois preuve d’originalité, et si le découpage de l’action n’est pas toujours clair, l’aspect technique de l’œuvre est globalement bien maîtrisé.
On découvre rapidement que cet élevage humain sert à nourrir des créatures, sortes de mantes religieuses géantes présentes dans la base. C’est là que l’on commence déjà à regretter la tournure des événements. L’auteur ouvre suffisamment d’intrigues pour nous inciter à continuer la lecture, mais le manga devient de plus en plus pénible. Les scènes de gore et de sexe s’enchaînent au point de devenir écœurantes. On comprend alors que l’histoire ne sert que de prétexte à une débauche visuelle, qui perd en impact par sa redondance et son absence de fond.
On ne s’attache à aucun personnage. Le protagoniste principal a même droit à une backstory moins développée que certains personnages secondaires, et ce n’est peut-être pas plus mal, tant leurs histoires respectives sont poussives.
J’ai l’habitude d’acheter ou d’emprunter les tomes d’une série par deux ou trois. Jusqu’aux trois derniers tomes de celle-ci, j’espérais encore un dénouement maîtrisé. Malheureusement, on se retrouve plutôt face à une parodie, avec une surcouche d’homo-érotisme sortie de nulle part et un climax étrangement sexualisé. On en vient à se demander si on ne lit pas un hentai depuis le début.
Starving Anonymous nous laisse donc sur notre faim (héhé). L’histoire avait du potentiel, et l’aspect gore pouvait s’inscrire dans un contexte justifié. Mais au final, on a un manga qui n’est ni assez travaillé esthétiquement, ni assez construit scénaristiquement pour légitimer cette débauche de violence et de sexe.