Gestion de projet post-apo' (critique des tomes 1 à 3)

Critique initialement publiée sur le site exitmusik.fr


Création originale de l’éditeur Ki-oon, ce Tsugumi Project est une commande directe à un certain ippatu. Assistant mangaka (notamment de Jirô Taniguchi), character designer dans l’industrie du jeu vidéo, illustrateur, auteur d’une première série et d’histoires courtes… Un CV fourni pour un auteur quasi inconnu chez nous et sur lequel l’éditeur français a décidé de placer ses billes. Et force est de constater qu’il s’en tire plutôt bien.


Sans être d’une folle originalité, le pitch a le mérite d’être efficace : dans un lointain futur, la France envoie de force le soldat d’élite Léon dans un Japon ravagé 260 ans auparavant par une pluie d’armes nucléaires. Son objectif est de retrouver une arme biologique terrifiante. Nom de code : Tsugumi.


Ambiance post-apo donc (une fois n’est pas coutume pour cette pauvre Tokyo), ce qui donne l’occasion à l’auteur de démontrer toute l’étendue de son talent pour dépeindre une cité dévastée sur laquelle la nature a repris ses droits. La partie graphique est clairement le point fort du titre. Non soumis aux délais infernaux de la prépublication, on sent les heures passées par ippatu derrière sa planche à dessin (ou sa tablette graphique) pour accoucher de paysages époustouflants. Le style est minutieux et typé : proche du croquis sur certains passages ou ultra détaillé sur d’autres, l’auteur adopte un astucieux mix de ces deux ambiances qui confère à l’ensemble une très forte personnalité. Ainsi, la narration est souvent silencieuse, laissant un maximum d’espace à ses planches étourdissantes.
Le bestiaire est jusqu’ici réussi et contribue à l’ambiance particulière qui se dégage de ces pages. On reste en revanche circonspect quant au design du buddy du héros, Doudou, proche de celui du pirate black dans Astérix, ce qui semble un peu anachronique…


Ces trois tomes oscillent entre rencontres – plus ou moins heureuses – avec la faune locale et avancée de la mission principale, deux fils qui se rejoindront très certainement plus tard dans le récit. L’univers est intrigant et l’ambiance suffisamment pesante pour donner corps à cette plaisante histoire de survie en milieu hostile. Si à ce niveau c’est une réussite, l’auteur peine parfois à trouver le bon dosage dans la dynamique mystère / éléments de réponse, essentielle dans ce type de récit pour garder le lectorat alerte. Le scénario se retrouve en outre un peu trop délayé sur certains passages via des scènes ou des dialogues superflus, ce qui nuit au rythme général. Ce coup de mou se ressent notamment dans un troisième tome en-deçà, toutefois sauvé par une dernière partie qui relance habilement l’intrigue. Ce très bon chapitre laisse à penser que le récit pourrait prendre une nouvelle dimension et vraiment trouver sa personnalité. Espérons-le car le potentiel est là pour cette série que l’on imagine assez courte (une dizaine de tomes ?).


Bonne pioche pour Ki-oon avec cet intrigant Tsugumi Project qui nous tient en haleine et bénéficie d’une partie graphique largement au-dessus du lot. S’il manque encore ce petit quelque chose au scénario pour totalement nous convaincre malgré une ambiance réussie, les bases sont posées et l’excitante fin du troisième tome laisse entrevoir une suite un cran au-dessus.


Critique initialement publiée sur le site exitmusik.fr

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le 23 avr. 2020

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Marlon_Ramone

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