« Lanfeust de Troy » était une série de BD assez populaire.
Plus que l’imagination de son auteur, c’est surtout un sens de l’humour décalé qui ressortait de ces albums. On pourra retenir l’animal qui n’avance que si leurs cavaliers poussent la chansonnette, et peu importe s’ils chantent faux, occasionnant régulièrement des excès de violence des passagers excédés ; des barons qui se font tout le temps la guerre, sauf durant les tournois, où ils peuvent alors se taper dessus librement ; où encore ce peuple qui vénère des Dieux pour absolument chaque chose de la vie (y compris des boutons sur le nez…). Les commentaires ne manquaient jamais de préciser ce genre d’anecdotes insolites qui font tout le sel du monde de Troy.
Et si les habitants regroupés autour des sages qui leur procurent leurs pouvoirs vivent plutôt aisément, les forêts alentours grouillent de tout une flopée de monstres en tout genre désireux d’ajouter de l’humain à leur repas. Parmi eux les trolls bien sûr, incarnation de la violence, qui ont fait du fendage de crâne un sport national (et qui sont les personnages d’une autre série dérivée). Un troll ne se lave jamais, et pour causes, cela ferait fuir les mouches qui les suivent en permanence et auxquels les trolls sont très attachés, jusqu’à même leur donner un nom. On ne rigole pas avec les mouches d’un troll ! L’expression « quelle mouche t’a piquée » prend donc ici une nouvelle signification.


D’un côté les dessins aux couleurs vives, l’aspect léger du côté décalé de la bd, pouvaient suggérer un public visé plutôt jeune, mais d’un autre côté le sang coule à flot, la moitié versée par l’inimitable Hébus, toujours prêt à croquer un animal bien gras, ou castagner des ennemis avec la même fougue qu’un Obélix envers les romains. Enfin des corps dénudés ponctuaient les vignettes à plusieurs reprises, un merci particulier à Cixi qui a trouvé un moyen de réduire significativement le temps passé à laver le linge.


« Lanfeust des étoiles » est donc la suite et change radicalement de décors. On y apprend que Troy, n’est qu’une planète parmi tant d’autres, et les héros qui ont marqué l’histoire se retrouvent parachutés dans l’espace au milieu d’un vaste conflit. L’idée peut sembler audacieuse, comment les héros habitués à un univers fantastique vont-ils se débrouiller dans un tout autre univers où la technologie a remplacé la magie? Si le premier tome peut laisser dubitatif, avec des personnages qui semblent ne pas savoir ce qu’ils font là - Thanos en particulier- au caractère un peu trop appuyé (Cixi hyperjalouse, Hébus susceptible), la suite montre au contraire que l’idée était payante. D’autres mondes à découvrir, de nouvelles espèces, de nouveaux personnages l’univers s’agrandit et ouvre un grand champ des possibles.
L’intrigue est plus complexe, recouvrant plusieurs espèces, des événements du passé, des enjeux et des révélations qui viendront dans les tomes suivants. D’avantage de personnages, dont certains ne survivront pas. Une histoire qui n’est plus linéaire et qui peut être regroupé en plusieurs parties, incluant un voyage dans le temps et un saut temporel conséquent. Les personnages finissent par parfaitement s’intégrer à ce nouveau monde, et on a la surprise de découvrir Hébus en pilote de vaisseau hors-pair. Cerise sur le gâteau, on obtient même l’explication de l’origine du pouvoir absolu détenu par Lanfeust et Thanos. Un némésis qui finit lui aussi par trouver sa place, une nouvelle fois comme adversaire acharné du jeune forgeron de Glin.
De nouveau, le côté décalé est bien présent, avec ces aliens qui se gonflent de gaz pour échapper à un danger (attention à l’atterrissage), un peuple qui ont fait de l’arnaque un art de vivre, des mouches disciplinés, un étrange duo chèvre-poule (au rôle plus important qu’on ne pourrait le croire…), et surtout des jeux de mots et anachronismes à la pelle (quoiqu’un peu forcé par moments). Le sang et la nudité sont toujours présent, et là aussi parfois un peu trop. On ne compte plus le nombre de filles dénudées pour une raison ou pour une autre, surtout avec l’arrivée d’une nouvelle partenaire chez qui le concept de pudeur n’existe probablement pas. Un « fan-service » pas toujours très justifié… Même Lanfeust perd son pantalon !
Les designs des créatures, vaisseaux et mondes aliens sont sympathiques, l’amateur de science-fiction trouvera son compte dans les nombreux concepts abordés, des portes interstellaires à la combinaison moléculaire qui s’adapte aux besoins (il est quand même conseillé de porter des sous-vêtements dessous !).


En conclusion une suite très réjouissante pour une BD déjà très sympathique.

Enlak
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le 15 nov. 2015

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