Guy fawkes is back

Je te donne ma critique #45

Oui je sais en ce moment je suis un peu rapide avec les critiques et j’enchaîne. Mais n’allez pas croire que je privilégie quantité à la qualité. Encore une fois c’est un grand oui, j’ai légèrement moins accroché par rapport à l’univers de Watchmen mais ça n’en demeure pas moins un comics très prenant et d’une narration très riche et saisissante. Il ne faut jamais dépendre des majorités silencieuses, Evey. Parce que le silence est une chose fragile....qui s’efface au premier cri. Les gens sont soumis et désorganisés. Certains saisiront peut-être l’occasion de protester, mais ça ne sera qu’une voix dans le désert. Le bruit est proportionnel au silence qu’il a précédé. Plus le calme était absolu, plus le coup de tonnerre choquera. Nos maîtres n’ont pas entendu la voix du peuple depuis des générations Evey...Et elle est bien plus puissante qu’ils ne veulent s’en rappeler. Après les succès de Watchmen et Killing Joke d’ailleurs bien rangé dans mon petit sanctuaire, Moore avait décidé de revenir sur le devant de la scène avant l’aube du prochain siècle. Encore une fois il frappe un grand coup et s’impose comme un auteur de BD hors du commun. Ici le sujet est très en avance sur son temps ( ses influences sont nombreuses comme 1984 et même Stefan Zweig le passage avec la lettre déchirante et émouvante) Un projet difficile à mettre en place, une idée provenant de l’esprit tordu que sont Moore et Lloyd. Un comics dans la pure tradition de l’auteur britannique. Comme il le dira : C’est avant tout un travail d’équipe. Les deux hommes sont complémentaires et cela se ressent dans les cases où les dessins et les dialogues sont en symbiose. Un récit en 3 actes a l’image d’une pièce de théâtre. Mise en situation, développement des personnages, il y a d’ailleurs une galerie de personnages sans aucune once de manichéisme et qui sont tout aussi complexes et intéressant à suivre autant que V et Evey. Et enfin la conclusion. Le rideau se ferme. On a comme la nette impression de n’être qu’une marionnette dont les ficelles sont maintenu par l’énigmatique V. Parlons-en en. Qui est t’il ? Que veut t’il ? Autant de questions qui brulent sur nos lèvres. Toujours une longueur d’avance, jamais prévisible, il est tout simplement fascinant, qui est-il n’a pas d’importance c’est ce qu’il tente de représenter qui en a. Il n’est qu’une idée immortelle jaillissant de la nuit, pour mettre en branle ce régime totalitaire. V veut faire bouger les choses, sortir le peuple de sa cage ou leur liberté de mouvements et d’expression n’est plus qu’un lointain souvenir. V le valeureux, V la vérité, V le vengeur, V la voix de la victoire. Il est tellement de chose pour chacun de nous. Il apporte un côté burlesque à l’histoire ce qui est donc bienvenu. L’amour dans ce roman graphique n’a plus sa place, il n’est que trahison et illusion. L’Angleterre qui est dépeinte par Moore et Lloyd est un futur alternatif sombre, lugubre et triste, les dessins sont brutes et ne sont pas faciles d’accès. La caractérisation des personnages se lit très facilement grâce à leur faciès mis en avant par un Lloyd très sobre mais en pleine forme. Un style dans la pure veine d’un comics policier des années 40. C’est noir et sans espoir. Evey fille fragile et sensible pour lequel je me suis immédiatement attaché. Son évolution au sein du récit est incroyable. Sa relation avec V qui est cœur de l’intrigue est d’un naturel et d’une beauté qu’on ne peut comprendre. Le discours de Moore est très dur, froid et il nous propose un thème très intelligent et approfondi sur le pouvoir, la liberté et le contrôle. Ce qui m’a frappé c’est l’absence totale d’onomatopées ou de bulles de pensées, simplement pour se concentrer sur l’essentiel et rester dans le ton très terne de ce comics. Je ne vais pas m’étendre sur le sujet plus longtemps tout comme je ne ferais pas de comparaison en rapport avec le film. Un indispensable à lire notamment pour les fans de Moore. L'anarchie a deux visages, celui du créateur et celui du destructeur. Le destructeur abat les empires, fait table rase. Pour que le créateur puisse y bâtir un monde meilleur. L’achèvement de sa tâche rend ses outils de destruction inutiles. Donc plus besoin d’explosifs ! Plus besoin de destructeurs !ils n’ont pas de place dans notre monde meilleur. Portons un toast à nos poseurs de bombes, à nos bâtards, terribles et impardonnables. Buvons à leur santé pour ne plus jamais les revoir.