Ouvert au pif, et chose incroyable, dévoré dans la foulée malgré les graphismes et les couleurs maussades faussement approximatifs.
Le scénario, immanquablement, m'a happé, et offert un prolongement inespéré et fun à mon ancienne lecture du 1984 d'Orwell.
Car l'histoire procède d'un "trip" presque adolescent: Et si un mec à la fois hyper-cool et vraiment trop fort mettait une branlée à toutes ces chemises brunes ou noires qui se croient invincibles derrière leur gros bouton rouge?
Ça pourrait donner une bombe artisanale comme V pour Vendetta.
L'efficacité et la richesse des différents épisodes du scénario font vite oublier la prolifération verbale et les graphismes un peu bruts, puis on se rend compte que ces graphismes contribuent pleinement à l'ambiance de fond qui joue sur plusieurs registres.
Le récit déploie de nombreuses références qui alimentent une réflexion pertinente, incomplète, mais passionnante sur la responsabilité individuelle, les exigences de la démocratie, la propagande et l'idéologie nationaliste, le libre arbitre, le conditionnement, le rôle de la culture et de la mémoire, les affres de l'héroïsme, et bien sûr la vengeance et l'anarchie... Devant un tel menu, on pouvait craindre le surgelé.
Mais tout ce tient.
La fiction prend un surprenant caractère iconique depuis qu'elle fait irruption dans les "Breaking-News" de l'actualité mondiale à travers le masque sardonique de Guy Fawkes, sorte de phylactère par lequel s'ouvre un chemin inattendu vers la réalité, laquelle peut désormais résonner dans la fiction. Il s'agit donc bien d'une satire politique, un pamphlet en cours d'exégèse.
De fait, et à l'exemple d'Orwell, on peut éprouver une certaine colère en refermant ce livre, mais on en sort certainement avec plus d'insouciance et moins de munitions qu'en terminant 1984, qui anticipait une dystopie bien trop mature et métastasée pour être abolie.
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