Walking Dead (2003 - 2019) par Tonton_Paso
C'est toujours un peu problématique de critiquer en cours de route une œuvre qui fonctionne sur le long cours. Mais au point où j'en suis (17e tome) je peux déjà me faire une idée de ce qui fonctionne plutôt bien dans Walking Dead.
Et de ce qui cloche.
Pas de doute, le scénariste est assez doué pour t'accrocher, te plonger le nez dans cet énorme merdier post-apocalyptique et te donner envie de ne plus lâcher jusqu'à ce que tu sois rassasié de sang, de tripes et de relations humaines complexes.
Oui mais : au bout de 17 tomes il faut bien reconnaître que ces mécaniques, aussi habiles soient-elles, finissent par tourner en rond et devenir beaucoup trop évidentes.
Voir un personnage important mourir de manière atroce est toujours un terrible crève-cœur. Mais on finit indiscutablement par passer du « HO NON PAS LUI PUTAIN C'ÉTAIT MON PERSO PRÉFÉRÉ EN PLUS » à « MEH ENCORE UN QUI CRÈVE COMME UNE MERDE C'EST CON JE L'AIMAIS BIEN MAIS BON WHO'S NEXT ? ».
Le problème c'est que le genre a déjà été épuisé de toutes ses possibilités narratives au cinéma. Certes, pas sur la longueur, mais de ce rythme plus lent, Kirkman ne tire qu'une série de situations reproductibles à l'infini : trouver une place-forte, organiser la communauté, lutter contre les démons intérieurs, lutter contre les zombies, lutter contre des groupes d'humains en mode barbarie. Ad lib.
Plus rarement, le comic s'éloigne de ce schéma cyclique. Comme lorsque le héros et son fils se retrouvent tout seuls. On pense forcément à La Route de Cormac McCarthy, une bonne manière de réconcilier plusieurs genres post-apocalyptiques. Mais difficile de tenir la distance sur une base aussi minimaliste. Reste alors à retrouver un nouveau cheptel de futures victimes d'un quotidien où la Mort règne en maître.
On ne va pas non plus être trop dur parce que le comic est indubitablement efficace et possède de réelles qualités d'écritures. Même le trait controversé d'Adlard, dessinateur manifestement choisi pour sa rapidité, possède une indéniable puissance d'évocation, dans les plus terribles moments de l'histoire. Mais le fait d'avoir joué au jeu vidéo Walking Dead avant de lire le comic original ne fait que renforcer cette impression un peu gênante de redite.