Dans À fond le slip !, Zep nous ramène dans l’univers de Titeuf, ce petit blond turbulent qui n’a rien perdu de son franc-parler ni de son regard amusé (et souvent confus) sur le monde des adultes. Mais cette quinzième escapade entre cours de récré et réflexions déjantées donne l’impression que Titeuf lui-même a appuyé un peu trop fort sur l’accélérateur, au point de perdre légèrement la direction.
Comme toujours, Titeuf reste fidèle à lui-même : un mélange d’insouciance, de curiosité un peu maladroite, et de remarques involontairement hilarantes sur les grandes questions de la vie (les filles, les parents, et ce mystère insondable qu’est l’adolescence). Zep continue de capturer avec brio cette phase de l’enfance où tout semble absurde et fascinant à la fois. Les gags fusent, les jeux de mots pleuvent, et l’humour décalé fait encore mouche.
Cependant, ce tome donne parfois l’impression que Titeuf court partout sans savoir exactement où il va. Les planches, bien que drôles, manquent d’un fil conducteur fort. Là où certains albums précédents avaient des thématiques plus marquées ou des intrigues récurrentes, À fond le slip ! s’apparente davantage à un feu d’artifice de gags indépendants. Sympathique, mais un peu décousu.
Visuellement, Zep reste maître dans l’art de croquer des expressions hilarantes et des situations absurdes. Les couleurs vives et les traits énergiques donnent vie à l’univers de Titeuf, et chaque case déborde de détails qui renforcent l’humour. Mais même si le style graphique est toujours aussi efficace, il n’apporte rien de nouveau pour ce quinzième opus.
Là où l’album déçoit légèrement, c’est dans son traitement des sujets. Titeuf a toujours été connu pour aborder des thèmes parfois sérieux (l’amour, la sexualité, le divorce) avec légèreté et intelligence. Ici, les thèmes restent présents, mais ils sont survolés sans la profondeur ou l’irrévérence qui caractérisaient les meilleurs moments de la série. Certains gags semblent même recyclés, comme si Titeuf lui-même peinait à renouveler ses questionnements.
Malgré ces petits bémols, À fond le slip ! reste une lecture plaisante, surtout pour les fans de longue date. Retrouver Titeuf, c’est comme revoir un vieux copain : on rigole des mêmes blagues, même si elles ont un goût de déjà-vu. Mais pour les nouveaux venus ou les lecteurs qui attendent de la nouveauté, ce tome risque de manquer un peu de panache.
En résumé, À fond le slip ! est un retour sympathique mais un peu sage de Titeuf, qui semble plus courir après ses souvenirs de gloire que vers de nouveaux horizons. Un tome qui amuse sans révolutionner, comme un slip confortable mais un peu trop usé.