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Alma
6.2
Alma

Manga de Shinji Mito (2019)

Vous aussi, sachez reconnaître les signes avant-coureurs pour dépister le manga sans intérêt. Faites-le avant qu’il ne soit trop tard, avant que vous ne soyez encombrés d’une lecture dont vous savez le contenu plus stérile qu’un bloc opératoire.


Il y a des signes qui ne trompent pas, des purulences ostensibles qui vous enjoignent à prendre vos précautions. Quand le manga s’entame avec, pour protagoniste, un minet aux grands yeux, accompagné d’une mascotte, le chemin vers l’œuvre doit alors s’accomplir à rebours. Si les personnages présentés sont démesurément exubérants, à crier et s’agiter pour un rien, en exposant un tempérament foncièrement mono-caractériel, vous n’avez alors aucune excuse si vous vous fourvoyez plus loin ou plus longtemps.


Les dialogues initiaux n’ont ni queue ni tête, ce qui n’a pas tant d’importance, car ils n’ont pas non plus le moindre intérêt. Toutefois, qui cherche à attirer son lecteur dans quelque histoire que ce soit avec une narration aussi brinquebalantes a tôt fait de se faire accuser d’avoir sabordé son œuvre. C’est mal introduit, fouillis, les personnages sont mal présentés, le contexte plus encore, c’est un désastre narratif venu enrober un contenu lui étant taillé sur mesure.


Ah ça y est, le voilà le contexte  pardon, le prétexte. Prétexte à la démonstration d’androïdes à nichons, maladie infantile d’une plèbe contaminée par Gunnm et Ghost in the Shell. Il y aura ça, et puis il n’y aura rien d’autre. Et de de « ça », vous en serez vite ras*ça*sié alors qu’on ne déballe qu’un ramassis de donzelles – aux courbes gracieuses venue souligner une plastique sublime – dont la moindre apparition présage une phase destruction aveugle et brouillonne.


Des slogans creux, des postures dramatiques ridicules, des sourires faux, des effets de style pompeux ; on aménage le néant comme on peut à longueur de chapitres. Le principe du Gijin, dont on aurait dû connaître ce qui y affairait dès l’origine, nous est littéralement présenté entre la poire et le fromage au quatrième chapitre. Pour nous décevoir, mais sans surprise. « Alors avant, on avait des robots, ça allait bien, puis après, guerre, prsHShSHsH PrRSHHT BaaAAAAOUM ! Et ça allait moins bien, parce que les robots… sont devenus… méchants ! Piou ! Plus d’humanité »


Les bruitages sont de moi.


C’est un Seinen, paraît-il, soit un manga adressé aux seize ans et plus. Aurais-je eu quatre ans seulement que je me serais cependant senti insulté par la pauvreté de l’écriture. Il n’y a là ni imagination, rien qu’une scène vide où on y jette des robots femelle pour de la baston de pokémon.


Le dessin est tout juste correct pour ce qu’il a à nous offrir, la seule emphase graphique étant tournée vers les mécanismes robotiques – froids et quelconques – pour délaisser le reste, avec ses paysages anodins et informes et ses protagonistes dont la teneur scripturale rejaillit sur la qualité de leur faciès. Ces dessins sont pareils à tout autre, voudrait-on les distinguer entre mille, entre cent ou même entre dix que nous en serions bien incapables. J’ai ai écumé plus d’un demi milliers de ces styles graphiques, et je puis assurer que même l’œil alerte et cerné d’une batterie d’indices, je serais bien infoutu de vous dire à quelle patte appartient ce dessin.


On a l’impression que les événements qui se succèdent, sans grande logique le plus souvent, le font pour la seule finalité d’advenir. Les méchants robots – c’est pas leur fôôôôte – ont annihilé l’humanité, donc viva la résistance et puis… bon, des Gijin, y’en a des biens, donc on dira que c’est de la nuance.

Je vous ai ainsi narré l’intégralité du scénario, navré d’avoir éventé une intrigue dont je devine que chacun se trouve désormais estomaqué après en avoir pris connaissance. Ouais, y’en a qui osent présenter ce genre de copie à une maison d’édition et, pire encore, obtiennent du succès dans leur entreprise.


Vous ai-je dit à quel point j’étais misanthrope à force de haïr mes contemporains de trop s’avilir et ne pas assez se respecter, rendus qu’ils en sont à manger de pareilles déjections ? Si vous l’ignoriez, vous le savez à présent. Je ne manquerai jamais de ne répéter.


L’intensité des phases d’action ne vous fera pas bouger un sourcil, les enjeux sont absents, les risques autant, les antagonistes n’apparaissent jamais menaçants, la faute à une scénographie sans ambition et une narration fainéante. Alors vous regardez les choses se passer sous vos yeux. Ah parce que, elles se passent, hein, les choses. Même qu’elles passent, sans jamais nous laisser une bribe de souvenir aussitôt ont-elles disparues de notre vue.


La couillonnerie a tout de même tenu quatre tomes de temps ; soit moins d’une année de parution. Aussi ai-je été médisant envers mon prochain en l’accusant de plébisciter le pire en toute occasion ; il ne le fait en réalité que 95% du temps. Son assiette n’est pas assez large pour y boulotter tous les résidus d’esprits plats venus excréter leur contenu à l’envolée.


Clichés et poncifs les plus datés se succèdent, sans jamais être assez poussifs pour en devenir drôle. Quitte à se louper, autant être réputé mémorable dans le procédé ; mais même ça l’auteur en est incapable. L’œuvre est aussi plate et froide que les machines qu’il nous fait parvenir, il n’y a aucune aspérité dans l’écriture car il n’y a finalement ni intrigue, ni personnage ; rien qui n’ait été travaillé en tout cas. Alors on subit mollement le vide en attendant qu’il ait fini de passer sous nos yeux, et on sanctionne Alma d’un oubli légitime et irréfragable. De ce manga, vous vous souviendrez plus volontiers de la critique que j’en ai faite, plutôt que de ce que je suis venu agonir de reproches. On a la postérité qu’on peut. En tout cas celle qu'on mérite.

Josselin-B
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le 17 août 2025

Critique lue 117 fois

Josselin Bigaut

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